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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
successeurs? Cette preuve par l’absurde, j’ai voulu la faire; je la
tiens; mais, pour l’administrer en ce moment, je manque de l’espace
qui me serait nécessaire et des moyens graphiques qui me sont indis-
pensables. C’est une artillerie de réserve qui donnera seulement si
sa présence est réclamée sur le champ de bataille.
D’ailleurs je ne veux pas fatiguer ici les lecteurs de la Gazette des
Beaux-Arts par une lente et minutieuse démonstration qui exige
l’emploi de tout l’appareil scientifique et impose l’usage d’un lourd
bagage de textes, de photographies et de moulages. Cette démonstra-
tion a déjà trouvé et trouvera encore sa place dans un cours de l’École
du Louvre. J’ai désiré seulement leur communiquer quelques-uns des
résultats acquis. S’il y a des incrédules, je suis prêt à leur ouvrir
l’arsenal où j’accumule depuis plusieurs années les preuves devant
lesquelles la routine, l’indifférence seront bien forcées de capituler.
Les conclusions de ces rapides observations sont faciles à saisir.
Nous demandons la révision immédiate de l’opinion actuellement
professée sur les causes et le point de départ du mouvement historique
qualifié absolument, dans les arts, du nom de la Renaissance, nom
qui a été imposé à ce mouvement par la langue, à une époque où la
science n’était pas encore en état de lui attribuer une autre appel-
lation.
Entendons-nous bien tout d’abord et ne jouons pas sur les mots.
Le nom de Renaissance, pris absolument, doit être, même dans le
langage courant, interprété désormais dans le sens le plus large. Le
mot doit désigner moins la réapparition des arts de l’antiquité que la
Rénovation des arts du moyen âge.
Pour nous, la Renaissance des Arts, lato sensu, commence au
moment où l’Europe se fatigue du style impersonnel et trop spécu-
latif de l’École gothique primitive, comme elle se fatigua de la dia-
lectique du moyen âge; au moment où, dans l’esprit public, l’obser-
vation tend à remplacer le syllogisme et où les règles de Y à posterori
se substituent doucement ou violemment, dans la science et dans l’art,
à celles de Y à priori. La Renaissance commence avec la révolution qui
fait disparaîtreles principes delà grande École de l’art, alors vieilli, du
xme siècle et les supplée par les doctrines de l’imitation directe de la
nature, sans transformation idéale ni interprétation conventionnelle.
La Renaissance des arts commence avec la négation hardiment pro-
clamée du credo antérieur, avec l'affirmation catégorique de la foi
nouvelle, et non pas avec les modifications de détail ni avec les atté-
nuations accidentelles apportées postérieurement, par l’Italie, aux
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
successeurs? Cette preuve par l’absurde, j’ai voulu la faire; je la
tiens; mais, pour l’administrer en ce moment, je manque de l’espace
qui me serait nécessaire et des moyens graphiques qui me sont indis-
pensables. C’est une artillerie de réserve qui donnera seulement si
sa présence est réclamée sur le champ de bataille.
D’ailleurs je ne veux pas fatiguer ici les lecteurs de la Gazette des
Beaux-Arts par une lente et minutieuse démonstration qui exige
l’emploi de tout l’appareil scientifique et impose l’usage d’un lourd
bagage de textes, de photographies et de moulages. Cette démonstra-
tion a déjà trouvé et trouvera encore sa place dans un cours de l’École
du Louvre. J’ai désiré seulement leur communiquer quelques-uns des
résultats acquis. S’il y a des incrédules, je suis prêt à leur ouvrir
l’arsenal où j’accumule depuis plusieurs années les preuves devant
lesquelles la routine, l’indifférence seront bien forcées de capituler.
Les conclusions de ces rapides observations sont faciles à saisir.
Nous demandons la révision immédiate de l’opinion actuellement
professée sur les causes et le point de départ du mouvement historique
qualifié absolument, dans les arts, du nom de la Renaissance, nom
qui a été imposé à ce mouvement par la langue, à une époque où la
science n’était pas encore en état de lui attribuer une autre appel-
lation.
Entendons-nous bien tout d’abord et ne jouons pas sur les mots.
Le nom de Renaissance, pris absolument, doit être, même dans le
langage courant, interprété désormais dans le sens le plus large. Le
mot doit désigner moins la réapparition des arts de l’antiquité que la
Rénovation des arts du moyen âge.
Pour nous, la Renaissance des Arts, lato sensu, commence au
moment où l’Europe se fatigue du style impersonnel et trop spécu-
latif de l’École gothique primitive, comme elle se fatigua de la dia-
lectique du moyen âge; au moment où, dans l’esprit public, l’obser-
vation tend à remplacer le syllogisme et où les règles de Y à posterori
se substituent doucement ou violemment, dans la science et dans l’art,
à celles de Y à priori. La Renaissance commence avec la révolution qui
fait disparaîtreles principes delà grande École de l’art, alors vieilli, du
xme siècle et les supplée par les doctrines de l’imitation directe de la
nature, sans transformation idéale ni interprétation conventionnelle.
La Renaissance des arts commence avec la négation hardiment pro-
clamée du credo antérieur, avec l'affirmation catégorique de la foi
nouvelle, et non pas avec les modifications de détail ni avec les atté-
nuations accidentelles apportées postérieurement, par l’Italie, aux