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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

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Nr. 1
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Portalis, Roger: La gravure en couleurs, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0048
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38

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

cueillait en Angleterre. Ce fut de la fureur, de la frénésie; les
amateurs s’arrachaient à prix d’or les épreuves inachevées de Barto-
lozzi. Il semble que ce soit Ryland, « ce pendu de la gravure », qui
des premiers, l’y ait fait connaître et mis à la mode.

Né à Londres, en 1732, Winne Ryland y fut exécuté comme
faussaire, en 1783, pour sa trop grande habileté à contrefaire les
banknotes. Après avoir pris les leçons de Boucher et de Le Bas, il
était revenu dans son pays et traduisait au pointillé les compositions
tendres mais insignifiantes d’Angelica Kauffmann, mythologie et
histoire mélangées, Junon, Vénus, le Dieu Pan, Télémaque, Cléopâtre et
les Muses de Cipriani. Une pièce importante comme dimension, Rati-
fication de la grande Charte, d’après Mortimer, commencée par Ryland,
ne fut terminée par Bartolozzi qu’en 1785, par la bonne raison que
dans l’intervalle le bourreau avait lancé son auteur dans l’éternité.

Sa notoriété n’aurait pas moins pâli devant l’étonnante faveur de
son rival, l’italien François Bartolozzi, qui tient une si grande place
dans l’histoire de la gravure anglaise par le charme de son travail,
un talent réel et la quantité d’estampes qu’il a signées.

Né à Florence en 1735, il passa en Angleterre en 1764, appelé par
son ami et compatriote, le dessinateur Cipriani. Le moment était
propice. On cherchait à Londres à s’affranchir du tribut artistique
payé à la France. Une société se formait pour encourager les arts et
l’Académie Royale était installée sous la présidence de Reynolds. On
rappelait les jeunes graveurs anglais qui s’étaient formés dans l’ate-
lier de Le Bas : les Major, les Ingram, les Ryland, les Strange, et l’on
attirait Cipriani, Angelica Kauffmann, Loutherbourg et autres
artistes étrangers. Bartolozzi, fêté par la société, arriva rapidement
à la célébrité. On aimait sa manière terminée, d’une distinction de
keepsake.

L’une de ses premières et meilleures planches, Zéphire et Flore, est
gravée à la manière du crayon d’après Coypel. Elle est datée de
Londres 1776 et tirée à trois tons au moins, sans compter celui de
l’encadrement doré. Bartolozzi avait débuté par le burin ; ses repro-
ductions à l’eau-forte des Dessins du Guerchin sont fort connues. Ses
modèles de prédilection furent les dessins de son ami Cipriani. Dans
cette avalanche de pièces ovales ou rondes d’après lui, tirées en bleu,
en rouge, en bistre, dont la correction seule égale la froideur, quel
choix faire?

Sont-ce les figures de Psyché, les allégories de la Fui, de VAdora-
tion, de Y Harmonie? ou bien le Génie dessinant la Beauté, estampes aux
 
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