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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

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Nr. 1
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Portalis, Roger: La gravure en couleurs, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0047

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LA GRAVURE EN COULEURS.

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Ce graveur est aussi l’auteur d’un des plus jolis pointillés de couleur
français, les Apprêts du Ballet où Lavreince nous fait assister « dans
l’avant-scène de l’Opéra » à la toilette d’un escadron volant de
ballerines. Ne sont-ce pas pour des sujets de ce genre que les
procédés raffinés de gravure que nous étudions furent inventés? Le
travail fin des chairs et des étoffes donne des effets très doux, surtout
quand la planche est encrée avec soin, et la gaieté des colorations
éclaire l’estampe d’une façon étonnante...

Louis Dards également fut un bon traducteur des gouaches de
Lavreince. L'Accident imprévu et la Sentinelle en défaut sont deux assez
jolies estampes que l’on trouve d’habitude tirées en bistre. Le Départ
et le Retour, où le volontaire des armées de la République est mis en
scène avec sentiment, se rencontrent souvent en couleurs.

Mais dans les choses d’art la bonne volonté ne suffit pas, le talent
est indispensable. Quand le pointillé est manié par un artiste
médiocre, il tombe vite dans la fadeur et l’imagerie. Ma Chemise
brûle, par Augustin Legrand, d’après Fragonard, est encore suppor-
table, mais Télémaque et Eucharis, mais Y Amant pressant, du même,
mais Colibert et ses figures des Amours de Psyché et de Cupidon, d’après
Schall, mais Cazenave et sa figure de la Volupté, mais tous ces poin-
tilleurs sans ressort de la fin du siècle, amènent l’écœurement de
cette dépravation artistique.

Lorsque pourtant ces graveurs retracent des fastes historiques,
des scènes de la Révolution, l’intérêt des sujets les fait accepter;
c’est ainsi que Louis XVI au moment de monter à Véchafaud et Marie-
Antoinette devant le tribunal révolutionnaire, de Cazenave, ou le Marat
à la tribune, de Tourcaty, se sauvent par le dramatique de l’action.
Les portraits de Tassaert, dont la Charlotte Corday est la perle; le
Kléber et le Desaix de Monsaldy, sa Dugazon, d’après Isabey; Mme Ré-
camier, de Cardon; les portraits de Mécou, de Schiavonetti, de
Fiesinger, de Yérité, surtout dans les épreuves tirées en couleurs,
très estimées, empruntent aux traits des personnages leur curiosité,
en même temps qu’au procédé leur éclat.

La gravure au pointillé a cela d’amusant qu’elle se prête plus
que toute autre aux fantaisies de couleur du graveur et de l’imprimeur,
par la préparation de la planche au pouce et le tirage à un seul coup
de planche. Aussi peut-on toujours espérer trouver les pièces de ce
genre, tirées dans les tons les plus divers.

Si ce procédé avait réussi en France et battait son plein sur le
coup de 1780, ce n’était rien comparé à l’enthousiasme qui l’ac-
 
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