S,
WATTEAU
(premier article.)
Il ne faut pas médire des romanciers : leur œuvre
consolante répond à un certain besoin des âmes, et la
réalité serait trop triste si la fiction ne venait pas çà
et là l’encadrer d’une bordure fleurie. Un remercie-
ment est dû aux conteurs : ils font oublier. Mais
puisqu’on laisse à leur libre fantaisie la jouis-
sance d’un domaine qui s’étend de la vérité quo-
tidienne jusqu’aux frontières de l’impossible,
ils devraient nous faire la grâce de ne pas chas-
ser sur nos terres et ne point défigurer l’his-
toire sous les arabesques de leur caprice.
En s’emparant de Watteau, dont la vie était
et est encore mal connue et dont le mys-
térieux génie tient une si grande place
dans l’art français, ils ont substitué
aux certitudes historiques les men-
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