Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 1.1889)

LA

GRAVURE EN COULEURS

(troisième article1.)

n a pu juger, clans les précédents
articles, par combien de moyens la
couleur avait cherché à s’emparer
de l’estampe et quels intéressants
résultats les artistes avaient obte-
nus. Certains graveurs par exemple,
étaient arrivés à réussir parfaite-
ment, par impression, l’imitation
des dessins au pastel et à donner
l’effet des crayons de couleur; d’au-
tres avaient pris pour but la repro-
duction des peintures à l'huile ou
des colorations de la nature ; mais
il restait encore à rendre dans leur limpidité et leur vivacité, les
aquarelles de fins dessinateurs comme Lavreince ou Baudouin, que
ni le pointillé ni l’opaque manière noire ne pouvaient espérer traduire.
Une nouvelle génération de graveurs en couleurs surgit. Marchant
dans la voie ouverte par Le Prince, elle s’empare de la transparente
aquatinte, l’emploie comme base, et décomposant le travail sur autant
de planches qu’il y a de couleurs à rendre, arrive à donner, grâce
à leur superposition, l’aspect même de PaquarePe, l'illusion de la
gouache. Par la main de ces graveurs coloristes, les visages s’éclai-
rent, les bouches sourient, les chairs prennent des apparences de
vie. Sous des ciels vaporeux, les verdures s’estompent dans la brume

1. Voj. Gazette clés Beaux-Arts, 2e période, t. XXXVIII, p. 441 ; 3e période, t. Ier,
p. 29.