Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 1.1889)

EXPOSITION UNIVERSELLE

DE 1889

LA GRAVURE RU SIÈCLE

AU CHAMP DE MARS.

Dans la belle ordonnance de l’Exposition rétrospective des Beaux-
Arts, au Champ de Mars, la gravure du siècle est peut-être Dune des
sections les mieux fondues, les plus équilibrées. Très complète, très
étendue même, elle se fait valoir par un admirable ensemble. Elle
sera capable d’attirer le public et de lui faire oublier, pour une fois,
son inconcevable indifférence envers l’art du noir et du blanc. Ce
serait le solide succès de M. Henri Béraldi, l’organisateur de ces
salles d’estampes, d’avoir préparé cette surprise tardive à ses chers
graveurs français. Ce domaine-là est bien exclusivement le sien, et
personne autre ne semblerait devoir se donner le courage d’écrire,
après lui, sur une matière où sa plume a tout dit. Toutefois, l’occa-
sion commande de noter au moins les lignes principales de l’histoire
de l’estampe depuis cent ans, et de rappeler, en cinq ou six alinéas
rapides, les noms de tête de chacune de ses branches.

A part l’invention ou plutôt la naturalisation de la lithographie,
la gravure du siècle 11e présente aucune période absolument tour-
mentée. Il était presque impossible à un art tout de patience d’avoir
des soubresauts trop imprévus. L’eau-forte elle-même est restée
soumise à des règles de progression lente. D’ailleurs, au point où en
était l’estampe française à la fin de Louis XYI, n’aurait-il pas mieux
valu ne la sortir d’aucune de ses traditions, l’y maintenir, par force,
au contraire ?