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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

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Nr. 2
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Gruyer, Gustave: Les livres à gravures sur bois, 4: publiés à Ferrare
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https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0163
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144

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

droite, tiennent des livres ouverts qu’elles lisent ou sur le contenu
desquels elles méditent. Quelques traits ont suffi à l’artiste pour
évoquer devant nous, sous des formes heureusement choisies, des
créatures d’élite menant sur la terre une vie angélique et jouissant
dès ici-bas d’un félicité sans mélange. L’architecture elle-même est
loin d’être négligée : elle fait penser aux cloîtres renommés de Santa-
Croce et de Santa-Maria-Novella, où l’harmonie des lignes et la
justesse des proportions ravissent les yeux, où règne un calme si
propice aux élévations de l’àme '.

Dans un autre bois (f. ccl v°), on nous montre en action la charité
qui doit unir et qui a souvent uni les religieuses entre elles : on en
voit six, groupées deux par deux, qui se pressent les mains ou qui
s’embrassent, comme les élus au seuil du Paradis peint par Fra
Angelico. En même temps, deux de leurs compagnes sont à genoux au
pied d’un autel sur lequel est posé un crucifix. Au fond est ménagé un
portique à cinq arcades. Malheureusement, les figures debout sont un
peu trop courtes 3.

Une des principales occupations recommandées par saint Jérôme
et l’occupation capitale de saint Jérôme lui-même, c’était la lecture,
c’était l’étude. La passion des livres, de ces sûrs amis dont la société
ne lasse jamais, a inspiré mainte gravure. Dans la Arie de saint
Jérôme, au verso duf. m, on voit l’infatigable traducteur de l’Ecriture,
l’auteur de la Yulgate assis dans sa cellule, les mains posées sur un
livre que supporte un pupitre; interrompant sa lecture, il se détourne
vers nous comme pour nous inviter à imiter ses labeurs, comme pour
nous en vanter les douceurs. En face de lui, un de ses moines debout
feuillette un livre avec ardeur. De tous côtés les in-folio fermés et
ouverts attirent les regards ; les murs en sont pour ainsi dire tapissés ;
le sol en est littéralement jonché; il semble qu’on en respire le
parfum, aussi pénétrant que celui des fleurs. —Même luxe de livres,
du moins le long des murs et avec plus d’ordre, dans la planche qui

1. Les motifs d’architecture révèlent souvent un goût délicat et pur chez les
artistes qui ont illustré les Lettres de saint Jérôme. Dans la planche du verso du
f. xxv, où saint Jérôme étudie l’Écriture sainte avec Marcelin, on aperçoit une
église rappelant un peu Santa-Maria-delle-Grazie, à Milan. Au f. xc et au f. cvi v°,
se trouvent juxtaposés des monuments comme Benozzo Gozzoli se plait à en pro-
diguer dans les fonds de ses fresques.

2. Un autre exemple de charité est fourni par le f. cclii. A gauche, Jésus-Christ
lave les pieds de ses apôtres. A droite, une religieuse rend le même office à une de
ses compagnes en présence d’une autre sœur : une colonnette sépare les deux
scènes.
 
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