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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

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Nr. 3
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Portalis, Roger: La gravure en couleurs, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0230
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206

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Les amateurs fixent plutôt leur choix sur la Foire de Village et la
Noce de Village où Descourtis a pris les tableaux de Taunay pour
modèles. Sans atteindre ni même approcher De Bucourt, ces deux
estampes le rappellent, tant par le sujet que par l’exécution. La Rixe
et le Tambourin, compositions très animées, complètent une série
recherchée, surtout quand les deux premières pièces sont avec les
armes de l’amateur Godefroy, possesseur des originaux, c’est-à-dire
du premier tirage.

Nous avons, pour la Noce de Village, pu surprendre Descourtis dans
le détail de la confection de sa planche, grâce à un intéressant recueil
d’épreuves d'essai, recueillies par le marquis de Varennes, alors élève
de Descourtis et que son petit-fils a bien voulu nous communiquer.
Une épreuve d’un trait léger, à l’eau-forte, donne d’abord la compo-
sition dans son ensemble; cette planche, gravée ensuite à l’aquatinte
et tirée dans des tons d’encre de Chine claire, sera celle qui complétera
les impressions de couleur. Le recueil contient, en outre, l’épreuve
de la planche du jaune, travaillée partout sauf dans le ciel ; l’épreuve
du rouge seul, léger dans les nuages et plus foncé pour les person-
nages; celle produite par la superposition de ces deux couleurs;
la planche de bleu, travaillée dans toutes ses parties, mais, comme
les précédentes, sans traits bien délimités afin de conserver aux
formes tout le flou désirable; l’épreuve donnant l’effet de trois cou-
leurs réunies; la planche de carmin ne montrant du sujet que. les
parties à rehausser ainsi ; puis l’épreuve qui résulte de cette nouvelle
addition; celle de l’aquatinte; enfin, la planche terminée en cou-
leurs « avec les armes » : en tout, dix épreuves différentes.

La « décomposition » de cette estampe était intéressante à faire,
la réunion complète des essais étant très rare à rencontrer. On ne
les a pas conservés, en effet, à cause de leur manque de valeur d’art,
pris isolément.

L’amateur qui avait formé le recueil curieux et probablement
unique, que nous venons de décrire, fut fort heureux pendant l’émi-
gration d’utiliser son talent en donnant, à Londres, des leçons de
dessin, ce qui lui permit de traverser cette crise sans trop d’encom-
bres 1. Le comte de Paroy, élève de Janinet, comme Descourtis,
et graveur en couleurs d’une véritable valeur, dut aussi à son goût

1. C’est le marquis de Varennes qui rencontrant plus tard, sous la Restaura-
tion, son ancien maître, l’invita à prendre un rafraîchissement. On servait alors
des échaudés. Comme Descourlis se jetait dessus, le vieil artiste dut lui avouer
qu’il n’avait pas déjeuné.
 
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