Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:
Mantz, Paul: Watteau, 3
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0514
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
468

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Mais cetle indication est purement conjecturale. 11 y avait bien des Pierrot
sous la Régence! Si Biancolelli porta pendant quelque temps cet habit de carac-
tère, il en est d’autres qui le portèrent toute leur vie et que Watteau dut con-
naître.

Seulement, ce n’est point à la Comédie italienne qu’il les faut chercher, mais
à l'Opéra-Comiquc, dans ce théâtre forain dont la sérieuse histoire se serait plus
occupée si elle connaissait ses devoirs.

... Indépendamment de Quinson, dont Gillot a gravé le portrait, Watteau a pu
applaudir, il a pu peindre quatre ou cinq Pierrots : Billard, qui débuta en 1700
dans la troupe d’Alard et de la veuve Maurice, et dont la vie fut — pour la durée,
— celle d’un patriarche; Maillot, qui monta sur les planches en 1702; Hamoche,
dont le succès commence en 4712; Belloni qui joua jusqu’en 1721 et cet autre
dont on sait si peu les aventures, ce pauvre Bréon qui, après avoir fait la joie de
la foire Saint-Germain, mourut phtisique en 1720, comme Watteau allait mourir...
Le personnage qui a posé pour le Gilles est vraisemblablement un des acteurs que
nous avons indiqués. Mais lequel? Là est le mystère, et nous serons sans doute
condamnés toujours à l’aimer sans savoir son nom.

Aujourd’hui nous renonçons à cette vaine poursuite. Le sérieux
farceur qui, debout dans son blanc uniforme, attend, pour jouer son
rôle, l’arrivée des camarades qu’on entrevoit à mi-côte, n’est peut-
être qu’un ami déguisé en Gilles pour faire plaisir à Watteau.

Et pendant que le maître écoutait Mlle D’Argenon aux concerts de
Crozat, pendant qu’il copiait les dessins de Rubens et de Titien et
qu’il étudiait le paysage dans le parc de Montmorency, que faisait
l’Académie royale? Elle se morfondait, attendant depuis 1712 le mor-
ceau de réception que Watteau avait promis, et ne voyant rien venir.
Elle savait bien que l'artiste oublieux lui manquait de parole, car
c’est chez elle, c’est au Louvre, que le « chef-d’œuvre » réglemen-
taire devait être exécuté. Deux commissaires avaient été désignés
pour voir travailler Watteau. Barrois et Antoine Coypel commen-
cent à s’impatienter ; l’Académie fait comme eux, et quoiqu’elle soit
fort débonnaire, elle prend le parti de rappeler à l’agréé que ses
lenteurs lui causent quelque surprise. Le 5 janvier 1714, elle invite
Watteau à faire connaître les causes de son retard. Watteau, occupé
ailleurs, garde le silence. A la première séance de 1715, nouveau
rappel au règlement. Bien que le procès-verbal ne le dise pas, le bon
La Fosse demandait sans doute un répit pour son commensal de
l’hôtel Crozat, et en effet, le 25 janvier 1716, l’Académie proroge le
temps octroyé « au sr Vatteau » pour faire son morceau de récep-
tion. Au début de chaque année, la Compagnie s’occupait de la situa-
tion des retardataires. Le 9 janvier 1717 elle accorde à Watteau un
 
Annotationen