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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

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Nr. 6
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Chennevières, Henry de: La gravure du siècle au Champ de Mars: Exposition Universelle de 1889
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https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0528
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482

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

le public ne sut où arrêter ses achats d’albums, tellement chaque
année multipliait les « croquis lithographiques ». Tous les formats
de fascicules, toutes les manières d’imitation, manière du crayon,
de la plume, du pinceau, du lavis, y passaient à la fois. La mode en
était venue et avec elle un besoin de renouvellement extérieur, fût-
ce aux vitrines des « marchands de nouveautés ». Le procédé paraît
même s’être fait aimer pour lui-même, en dehors de toute considé-
ration de sujets, car, à moins de goûts invraisemblables, il est
impossible de supposer à des intelligences moyennes le moindre
attrait vers les motifs de dessus de pendule pris pour modèles par
les lithographes. Sont seules à faire exception les petites scènes
d’Horace Vernet, toujours populaires et d’une gaieté toujours suffi-
sante. Les rares lithographies de Géricault montrèrent presque de
suite l’intensité de force où pouvait atteindre ce nouveau dessin
sur pierre, si doux en apparence. La surface lustrée, les tendresses
crayeuses, le mol argentin des tirages ne semblaient pas autrement
devoir jamais être d’accord avec une main dramatique. Charlet et
Raffet vinrent bientôt affirmer la puissance et l’émotion susceptibles
d’être tirées de l’inattendu procédé. Gavarni se chargea grandement
de lui faire fournir une somme de comédies humaines à jets indé-
finis. Mais Daumier restera l’inimitable crayonneur sur pierre, de
1840 à 1870. Gilbert, Sirouy, Jules Laurens, Fantin-Latour essaient
de maintenir aujourd’hui la faveur compromise de cette belle
manière de gravure. Dieu merci, elle ne recule pas sans un véritable
éclat, et M. Chauvel lithographiant ou Corot ou Troyon nous est une
preuve étonnante de ses résultats modernisés. Si les caprices de la
mode l’abandonnent contre toute raison, au moins sait-elle leur
donner tort par des œuvres de maîtrise dernière, capables de faire
voir combien un procédé à transformations soutenues est d’essence
supérieure.

Pour reprendre le burin, à la date de 1830, il faut remonter à
Forster. Une page d’excellent jeune critique, M. Leprieur, précise
les descendances successives de la gravure sérieuse, à partir de ce
moment. « Viennent Forster, Martinet son élève, Calamatta, Mer-
curi, qui purent traverser les fièvres du romantisme sans en être
atteints, sans jamais rien perdre de la sérénité classique. Ils ont
surtout gravé d’après les modernes. Calamatta est le plus illustre
représentant de cette époque, qu’il est permis de trouver un peu
froide. Il commande l’attention et finit par s’imposer à force de
style. Mercuri se soutient encore par la finesse, notamment dans la
 
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