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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

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Nr. 6
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Bode, Wilhelm von: La Renaissance au Musée de Berlin, 8, Les écoles de Venise et de Vérone
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https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0537
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

prouvent même les tableaux célèbres de cette époque, les premiers
peintres vénitiens manquaient aussi des fondements indispensables
du dessin et delà composition. Ce qui contribua le plus à leur donner
cette direction originale, ce fut l’établissement du vieux Jacopo
Bellini, avec ses fils Gentile et Giovanni, à Padoue, précisément à
l’époque où Donatello y travaillait à l’exécution du monument
équestre de Gattamelata, et aux décorations en bronze du maitre-
autel du Santo, et où Mantegna, avec d’autres élèves de Squarcione,
peignait à fresques la chapelle des Eremitani. Le Musée de Berlin
possède une œuvre de jeunesse très intéressante de Giovanni Bellini,
la Vierge avec VEnfant (n° 1177) qui appartient manifestement aux
premiers temps de ce séjour à Padoue. Le dessin est encore, par
endroits, très défectueux; mais un effort marqué à observer les
raccourcis et à établir une relation intime entre la mère et l’enfant,
témoignent déjà d’un progrès réel par rapportai! tableau, cité ci-dessus,
de son frère Gentile. C’est seulement dans le lointain de paysage, dans
cette partie de l’art, que précisément Giovanni Bellini était appelé à
développer d’une façon très significative, c’est là seulement qu’on
peut déjà apercevoir en germe le sens de la couleur et la manière
originale de l’artiste.

Un chef-d’œuvre des derniers temps de cette période où Giovanni
Bellini subissait encore l’influence de Padoue, c’est la célèbre Pietà
(n° 28). Une connaissance insuffisante de ce premier développement
du maître a fait attribuer cette Pietà à Mantegna, de même qu’elle
avait fait considérer la Madone dont nous venons de parler comme
une œuvre de Bartolomeo Yivarini. Et cependant quelle différence
dans la conception et dans l’exécution entre cette Pietà et les motifs
semblables que l’on connaît de Mantegna : notamment son célèbre
tableau du Brera de Milan! Au lieu du violent naturalisme qui ne
recule pas devant les contractions de la plus farouche expression
de douleur, nous voyons ici un sentiment naïf de la beauté, et tel
qu’il fait apparaître beau le mort lui-même; au lieu des raccourcis
originaux, et patiemment cherchés, et du ton gris et cru, nous voyons
régner ici une parfaite simplicité dans l’ordonnance et le dessin, et,
dans la coloration, un ton clair et agréable. On rencontre d’ailleurs
assez fréquemment d’autres tableaux semblables à cette Pietà de Berlin
composés de même, qui sont authentiques et portent le nom de Giovanni
Bellini, et qui appartiennent pareillement à cette période de jeunesse
où le maître vénitien subissait encore l’influence de Mantegna : je
 
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