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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 2.1889

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Nr. 1
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Bonnaffé, Edmond: Au Trocadéro: Exposition Universelle de 1889
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https://doi.org/10.11588/diglit.24446#0012

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

aiguières, les coupes et les drageoirs profanes. Les vieux panneaux
sculptés, les tables et les dressoirs racontent les historiettes du
temps passé, pendant que les élégantes damoîselles hanchent avec
grâce dans leur robe d’ivoire et sourient aux petits enfants qui leur
tendent les bras.

Dans ce concert harmonieux, pas de fausse note; pas de gentils-
hommes frelatés, pas de rastaquouères promenant leurs faux
parchemins et leurs décorations de contrebande. Les titres sont
en règle, les gens de bonne maison et du même monde; c’est la
vieille compagnie française.

Est-elle au complet? non, sans doute. La Commission des Monu-
ments historiques, qui nous recevait chez elle, ne pouvait disposer
que de quatre salles : 80 mètres de long pour installer toute la
France, depuis les Mérovingiens jusqu’à la Révolution! Comment se
tirer d’embarras sans pratiquer des coupures douloureuses? Pour
commencer, on a sacrifié ceux qui tiennent le plus de place, les
peintres, les architectes et les sculpteurs, sauf à conserver çà et là
quelques échantillons isolés « pour mémoire ». On n’a invité que les
maîtres de l’art condensé dans un petit volume, les orfèvres, les
émailleurs, les huchiers, les ivoiriers, les céramistes, etc. Encore
a-t-il fallu procéder par sélection et n’admettre que la fine fleur,
sous peine d’encombrement.

Ainsi réduite et quintessenciée, notre exposition n’affiche aucune
prétention transcendante ou panoramique. Ce n’est pas la France,
mais un coin de la France, — une pincée de l’art national.

Disposez maintenant ces belles choses en ordre et avec goût;
placez-les dans leurs salles garnies de tapisseries précieuses, sépa-
rées par les nobles portiques de Moissac, de Charlieu, de Saint-
Gilles et du Gros-Horloge, qui donnent à l'ensemble un aspect à la fois
grandiose et pittoresque, le spectacle 11’est-il pas complet et imprévu?

Rendons grâce à nos amphitryons, M. Antonin Proust et
M. Alfred Darcel ; ils nous donnent un régal de raffinés. Mais,
pour le savourer à loisir, il faut venir le matin, à l’heure de
l’artiste, du lettré, du savant, de l’historien, de l’amoureux, je parle
de l’amateur. L’après-midi appartient à la foule; car le public nous
fait un véritable succès et son empressement est méritoire : le Tro-
cadéro ne compte pas parmi les stations obligées de son pèlerinage,
nous ne sommes pas sur son chemin, la distance est longue, et, pour
compenser une ascension laborieuse, nous n’avons à lui offrir ni
musique, ni danseuses, ni rue du Caire.
 
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