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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 2.1889

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Nr. 1
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Lostalot, Alfred de; Hamel, Maurice: Salon de 1889, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24446#0023

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SALON DE 1889.

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ses confrères. Nous avons également pris grand intérêt, malgré ses
imperfections, au tableau de M. J. Mulnier, Femmes d'Alger sur
les terrasses; les figures nous ont semblé particulièrement remar-
quables par leur accent de sincérité; un peu plus de fermeté dans
la touche et c’eût été un tableau parfait. Quant aux Baigneuses de
M. Zorn,nous admirons la hardiesse de l’artiste qui nous les montre
encore humides des eaux limoneuses où elles ont pris leurs ébats.

D’excellentes figures d’animaux sont à retenir : en tête de notre
liste s’avance le superbe Taureau de M. Roll; c’est, pour moi, une
peinture de premier ordre. Dans l'Embarquement de bestiaux de
M. Guignard, si la facture est peu séduisante, on peut louer sans
réserve de grandes qualités de composition et de mouvement et la
hardiesse du dessin; MM. F. de Vuillefroy et Barillot, enfin, main-
tiennent leur réputation de spécialistes particulièrement experts.

J’ai peu de chose à dire à propos du paysage. M. Hamel a épuisé
le sujet en me prenant les meilleurs de nos paysagistes; je me
bornerai seulement à proposer quelques additions à sa liste.
MM. Guillemet, Boudot, Schmitt, P. Bertrand, Busson, Petitjean,
Quignon et Gaillard. Parmi les peintres de marine, MM. Baerstroen,
Montenard, Olive, Paul Liot et Ch. Lizé, m’ont semblé dignes tout
au moins d’être cités dans cette Revue, et je n’ai pas la prétention
de n’oublier personne.

Si les paysagistes de talent nous apparaissent encore fort nom-
breux, il n’en est pas moins vrai que le niveau de l’art a sensiblement
baissé depuis quelques années. Nous voudrions bien ne pas pronon-
cer le mot de décadence, mais quand les faits parlent on ne gagne rien
à vouloir cacher la vérité : il suffit, en sortant du Salon, de parcourir
les galeries de l’Exposition centenale du Champ de Mars, pour que
cette vérité s’impose aux moins clairvoyants : le paysage, notre
gloire artistique la plus éclatante, s’en va en fumée. Corot, Millet,
Rousseau, Daubigny, Courbet et Troyon sont morts sans postérité.

Au sentiment d’orgueil que l’on éprouve devant ces maîtres, se
mêle un indicible sentiment d’amertume; faut-il donc croire que la
source de leurs chefs-d’œuvre soit à jamais tarie? Les admirables
formules créées par eux ont épuisé leur vertu; il n’y a de renouveau
possible dans l’art que si l’on parvient à en créer de nouvelles! Fort
heureusement, tout l’art du paysage ne s’est pas réfugié au Salon;
nous savons autre part de hardis chercheurs que rien ne décourage;
ils travaillent en silence, dédaigneux de l’ostracisme où les tiennent
leurs confrères, indifférents devant les railleries de la foule. Certes,
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