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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
de craindre que la détermination du sujet à exécuter par chacun ne
le gêne dans l’exécution, j’ai pensé devoir laisser ce sujet à leur
choix, en vous faisant observer cependant que je désire que ceux
dont les noms sont suivis d’un astérisque prennent comme sujets des
traits de l’histoire ancienne, soit fabuleuse, soit réelle, grecque ou
romaine; — ceux dont les noms sont précédés d’un astérisque pour-
ront prendre le sujet dans notre histoire nationale ; — enfin, à l’égard
de ceux qui n’ont aucun astérisque ni devant ni après leurs noms,
ils sont les maîtres de choisir le sujet qui leur plaira leplus, soit
dans l’histoire ancienne soit dans la moderne. » Pour les sculpteurs,
les sujets choisis sont Bayard, le Maréchal de Luxembourg, Saint
Vincent de Paul et Rollin.
Quant aux pensionnaires de l’Académie de Rome, il veille à ce
que la discipline pédagogique à laquelle ils sont soumis soit de plus
en plus sérieuse et, le 11 juin il « rappelle à M. Vien, une idée
dont il a déjà été question, qui est d’ordonner aux élèves sculpteurs
l’exécution de quelques figures de ronde bosse ou de bas-relief d’après
l’antique. Ces ouvrages attesteraient d’un côté la certitude des pro-
grès faits par les pensionnaires, et procureraient au roi l’avantage
d’avoir, pour indemnité des frais qu’il fait, des morceaux dont on
pourrait tirer parti pour l’embellissement des maisons de Sa Majesté».
(Arcli. nat., O1, 1208.)
II
Les documents d’archives sont bons à consulter ; mais les monu-
ments sont plus éloquents encore. Une promenade d’une heure au
musée de la sculpture moderne au Louvre en apprendra plus long que
le dépouillement de toute la correspondance du comte d’Angivilliers,
de Coc'hin et de Arien. On peut y suivre rien que dans les morceaux
de réception des académiciens, les progrès de cette réaction : depuis le
Neptune calmant les flots, sur lequel Lambert Sigisbert Adam fut reçu
le 27 mai 1737, la Mort d’Hippolyte qui fut le morceau de réception de
J.-B. Lemoyne le 26 juillet 1738 et la Chute d’Icare de P.-A. Slodtz
(29 nov. 1743) jusqu’au charmant Morphée d’Houdon (16 juillet 1777)
et au Gladiateur mourant de Pierre Julien (27 mars 1779), il est aisé
de mesurer le chemin parcouru ; on pourrait même trouver qu’avec
le Gladiateur de Julien, la réaction devient déjà menaçante. Les uns
s’y rangent complètement, d’autres résistent encore et conservent
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
de craindre que la détermination du sujet à exécuter par chacun ne
le gêne dans l’exécution, j’ai pensé devoir laisser ce sujet à leur
choix, en vous faisant observer cependant que je désire que ceux
dont les noms sont suivis d’un astérisque prennent comme sujets des
traits de l’histoire ancienne, soit fabuleuse, soit réelle, grecque ou
romaine; — ceux dont les noms sont précédés d’un astérisque pour-
ront prendre le sujet dans notre histoire nationale ; — enfin, à l’égard
de ceux qui n’ont aucun astérisque ni devant ni après leurs noms,
ils sont les maîtres de choisir le sujet qui leur plaira leplus, soit
dans l’histoire ancienne soit dans la moderne. » Pour les sculpteurs,
les sujets choisis sont Bayard, le Maréchal de Luxembourg, Saint
Vincent de Paul et Rollin.
Quant aux pensionnaires de l’Académie de Rome, il veille à ce
que la discipline pédagogique à laquelle ils sont soumis soit de plus
en plus sérieuse et, le 11 juin il « rappelle à M. Vien, une idée
dont il a déjà été question, qui est d’ordonner aux élèves sculpteurs
l’exécution de quelques figures de ronde bosse ou de bas-relief d’après
l’antique. Ces ouvrages attesteraient d’un côté la certitude des pro-
grès faits par les pensionnaires, et procureraient au roi l’avantage
d’avoir, pour indemnité des frais qu’il fait, des morceaux dont on
pourrait tirer parti pour l’embellissement des maisons de Sa Majesté».
(Arcli. nat., O1, 1208.)
II
Les documents d’archives sont bons à consulter ; mais les monu-
ments sont plus éloquents encore. Une promenade d’une heure au
musée de la sculpture moderne au Louvre en apprendra plus long que
le dépouillement de toute la correspondance du comte d’Angivilliers,
de Coc'hin et de Arien. On peut y suivre rien que dans les morceaux
de réception des académiciens, les progrès de cette réaction : depuis le
Neptune calmant les flots, sur lequel Lambert Sigisbert Adam fut reçu
le 27 mai 1737, la Mort d’Hippolyte qui fut le morceau de réception de
J.-B. Lemoyne le 26 juillet 1738 et la Chute d’Icare de P.-A. Slodtz
(29 nov. 1743) jusqu’au charmant Morphée d’Houdon (16 juillet 1777)
et au Gladiateur mourant de Pierre Julien (27 mars 1779), il est aisé
de mesurer le chemin parcouru ; on pourrait même trouver qu’avec
le Gladiateur de Julien, la réaction devient déjà menaçante. Les uns
s’y rangent complètement, d’autres résistent encore et conservent