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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 2.1889

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Nr. 1
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Michel, André: La sculpture, [1]: Exposition Universelle de 1889
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https://doi.org/10.11588/diglit.24446#0071
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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orthodoxe et l’administration paternelle se charge à l’occasion de les
remettre dans la bonne voie. J’ai déjà eu l’occasion de citer ailleurs
cette note inédite de Vieil au comte d’Angivilliers (15août 1784):
« D’après vos intentions j’ai vu ce matin Taunay,peintre paysagiste,
et je lui ai renouvelé les avis que je lui avais donnés, il y a six
semaines, que je préférais pour son avancement le voyage d’Italie à celui
de Suisse qu'il avait envie de faire. » Les maîtres eux-mêmes se sen-
taient vaguement inquiets. Falconnet, au retour de son long séjour
en Russie, dut bien sentir le changement, qui pendant ces douze
années d’absence s’était opéré dans les idées : il voulut lui aussi faire
un pèlerinage à la terre classique, et le 1er mai on voit « M. Falcon-
net, adjoint à recteur, demander au Directeur un congé, pour aller
en Italie, oh il n'a pas encore été ». (Arch. nat. O1,1912;. Le congé d’un
an est accordé; mais le 3 mai une lettre annonce que le maître vient
d’être frappé de paralysie, « sa tète est aussi bien qu’à l’ordinaire,
quoique tout le côté droit et la langue soient attaqués ». On sait
qu’il devait agoniser pendant huit ans ; la mort ne vint le délivrer
qu’en 1791.

Le ton de son Éloge qui fut alors publié par Robin1 montre admi-
rablement avec quelle rapidité la réaction classique se précipitait. Le
panégyriste éprouve le besoin d’excuser son auteur, de plaider en
quelque sorte les circonstances atténuantes, d’insinuer qu’il fut un
peu la victime de son temps : « Son heureux naturel l’entraînait
vers les beautés du grand genre ; il n’en a été détourné que par
l’impulsion dominante de ce goût facile et agréable uniquement
recherché de son temps. » Il aimait d’ailleurs à s’entourer de belles
gravures d’après les grands maitres : « Si l’on voyait le mélange de
quelque morceau d’un goût moins pur, c’était plutôt l’effet du
violent ascendant de l’éducation et de l’exemple que des sentiments
que la nature avait mis dans son àme... » Dans ses Observations sur
la statue de Marc-Aurèle Falconnet avait osé critiquer, non sans viva-
cité, le cheval « pas ensemble », son ventre « trop large et aplati»,
son « allure contraire au mécanisme de la nature du cheval ». La
tète « courte, trop large, vers le museau »; « les plis au-dessus du
nez trop réguliers » : il avait même insinué que Winckelmann n’était
peut-être pas infaillible... Le bon Robin, inquiet de tant d’audace
pour la mémoire de son ami, a le plus grand soin de citer des lettres
de Raphaël Mengs, qui, tout en intervenant doucement en faveur de

1. Revue universelle des arts, t. XV, p. 215.
 
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