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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 2.1889

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Nr. 1
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Michel, André: La sculpture, [1]: Exposition Universelle de 1889
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https://doi.org/10.11588/diglit.24446#0075

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66

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Journal de l'Empire triompha de ce que le public, jusqu'alors si con-
traire à ce procédé:, ne paraît plus s’en offenser. « Peut-être, ajoute-
t-il, le temps est venu de faire prévaloir sur ce point une opinion
chère aux véritables amateurs. » N’est-il pas intéressant de recueillir
ici l’aveu indirect des résistances de ce bon public qui ne comprend
pas, qui s’étonne dans son bon sens, mais qui n’ose pas se regimber
et reste bouche bée devant les docteurs patentés et les esthéticiens
sublimes. Napoléon lui-même ne se rendit pas sans quelques résis-
tances. Canova a raconté comment, dans une de ses conversations
avec l’empereur celui-ci regrettait que la statue colossale qu'on lui
préparait ne fût pas vêtue. « Sire, répondit Canova, il eût été impos-
sible de produire rien de beau, si Arotre Majesté eût exigé qu’on la
représentât avec le pantalon et les bottes à la française. Les beaux-
arts ont un langage particulier, c’est le sublime ; celui des statues,
c’est le nu et la draperie... » Le sublime ! voilà qui dit tout et arrête
toute objection jusque dans la bouche impériale... Pour le sublime,
au nom des principes, au nom d’une prétendue antiquité, mal connue,
mal comprise, on faillit étouffer notre école, si libre, si savoureuse
et si souple, si riche de grâces naturelles, de vie et de science.

Nous aborderons dans notre prochaine étude cette mélancolique
histoire; nous suivrons les progrès du mal dans les monuments con-
temporains, en nous efforçant toutefois de faire de l'histoire plus que
de la polémique, et de nous approvisionner pour ce voyage un peu
aride de beaucoup de sympathie critique.

Pour la période de 1789 à la Restauration, nous avons notam-
ment remarqué, à l’Exposition rétrospective, la Diane (moulage) et
Y Apollon d’Houdon, avec quelques bustes ; la Psyché de Pajou, la
Nymphe à la chèvre de Julien, la Bacchante de Clodion, Y Amour de
Chaudet, et la Nymphe Salmacis de Bosio. Nous les choisirons donc
de préférence comme base de notre travail. Sans nous interdire
pourtant de les compléter à l’occasion par d’autres documents.

ANDRÉ MICHEL.

(La suite prochainement.)

1. Voy. Revue universelle des Arts, t. XVIII, p. 247.
 
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