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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 2.1889

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Nr. 1
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Falize, Lucien: Les industries d'art, 1, L'émaillerie: Exposition Universelle de 1889
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https://doi.org/10.11588/diglit.24446#0093

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84

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

artiste, le plus consciencieux, le plus sévère pour lui-mème ; sa forme
est châtiée et son émail a dans sa pâte toute la pureté qu’il exige de
son dessin. Nous avons parlé jadis de ses beaux émaux qui décorent la
grande horloge que nous irons revoir, il faut citer en première ligne
cette année ses deux grandes copies sur émail d’après André del Sarte,
auxquelles on a fait un cadre de bronze ciselé digne de leur beauté. Ce
n’est pas parce que ces émaux sont des copies d’un maître et non pas
des compositions originales, qu’il en faut diminuer le mérite : l’émail
est, comme la gravure et la tapisserie, un art dépendant de la peinture,
mais comme la gravure il n’a pas l’inconvénient d’un tirage, d’une
impression répétée et amoindrie. Chaque copie devient ainsi une
œuvre personnelle; la plupart des émaux de Léonard Limosin étaient
copiés d’après les maîtres. Je classe les deux tableaux, que Serres
vient de peindre d’après Vannuchi, parmi ses meilleurs et je trouve
à l’enfant du premier plan dans la Sainte Famille, des solidités de tons
tout à fait belles. — A voir aussi ses copies d’après Raphaël, les trois
Grâces et la frise d’enfants qui forme le bandeau d’une cheminée;
l’artiste y a supérieurement modelé en camaïeu ses demi-tons; où il
est tout entier, c’est dans la composition des plaques du coffre de
mariage; la difficulté était grande; Constant Sevin avait réservé au
peintre des plaques si longues qu’il y fallait mettre à l’étroit des
figures aussi sveltes que les nymphes de Jean Goujon. Serres s’en est
tiré avec bonheur et a peint dans ces panneaux les vertus de
l’homme et les vertus de la femme, qu’il a couronnées et unies par
le mariage. C’est un sujet qui convenait à son honnêteté d’homme
et d’artiste.

Nous avons dit autre part tout l’intérêt qu’il y aurait à développer
un art qui a sa caractéristique dans l’inaltérabilité des couleurs et
dont aucun autre procédé ne peut égaler le charme. Le malheur est
que nos artistes se rebutent aux difficultés pratiques et qu’ils ne
prennent pas le temps d’apprendre un métier qui leur donnerait des
jouissances exquises. — Pendant ce temps-là viennent des industriels
qui compromettent l’art.

Un romancier de talent a fait récemment du héros de son livre un
passionné de l’émail : le comte de Canoël se cache sous le nom de
Geoffroy pour venir dans un atelier de faubourg « étendre sur des
plaques de cuivre des couleurs en poudre qu’il passe au four où ces
couleurs se fondent », et l’homme du monde oublie dans ces délasse-
ments d’artiste les chagrins de sa vie manquée.

Ceux qui ont lu le roman d’Hector Malot ont soupçonné à travers
 
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