Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 2.1889

DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:
Mantz, Paul: La peinture française, 2: Exposition Universelle [de 1889]
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24446#0119

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
406

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

condamnera. Et il faut croire, en effet, que le vice d’un système
où l’archaïsme était érigé en dogme apparut de bonne heure aux
yeux des contemporains de David, puisque, sans parler de Prud’hon,
qui prit la parole au nom de la grâce dédaignée, des protestations
surgirent du milieu même du groupe que le maître austère essayait
d’enrégimenter sous sa discipline. C’est par les siens que David fut
combattu.

Gros était son élève et il lui a toujours été dévoué. Il est bon de
le savoir par les textes, car les œuvres n’avouent qu’à demi cette
filiation. Auprès des gréco-romains de David, les personnages que
Gros met en scène ont l’air d’appartenir à un autre monde et ils
parlent un langage qui, plus d’une fois, dut surprendre le chef
d’école. Il travaille aussi sur le mode héroïque, mais il donne à ses
figures une modernité qui intéresse l’histoire : il met dans son art le
germe des révoltes futures. Dès l’origine, le groupe qui allait se recon-
stituer en église sur les ruines de Daiicienne Académie royale n’ac-
cueillit Gros qu’avec une certaine défiance : il fut même traité en
suspect : en 1792, à vingt et un ans, il prend part au concours pour le
prix de Rome et il est battu par un rival insipide. Gros a cependant
vu l’Italie et il y a même fait, au temps de sa jeunesse, un assez long-
séjour. Bonaparte l’avait pris sous sa protection, et l’armée fran-
çaise, qu’il suivit en qualité d’inspecteur aux revues, lui donna des
spectacles plus vivants que ceux que David ressuscitait à grands
renforts de textes. C’est pendant la campagne d’Italie que Gros com-
mença à avoir une vision un peu nette de son idéal et comprit la
poésie des sujets modernes. Comme peintre, il put corriger d’après
un bon maître les leçons qu’il avait reçues de David. Ce maître, c’est
Rubens qu’il étudia passionnément à Gênes où les hasards de la
guerre le conduisirent plusieurs fois. Si l’originalité de Prud’hon
consiste à avoir rêvé devant Léonard et Corrège, celle de Gros réside
en ce point qu’il lui a été donné de contempler Rubens à une époque
où le maître d’Anvers n’était guère moins démodé que les grands
Italiens.

Les organisateurs de l’Exposition n’ont pas voulu démeubler le
Louvre : ils ont laissé au Musée les belles pages héroïques de Gros,
les Pestiférés de Jaffa (1804) et le Champ de bataille d’Eijlau (1808);
mais avec les galeries de Versailles, ils ne se croyaient pas astreints
à la même discrétion, et ils y ont pris deux œuvres significatives, le
portrait du général Fournier-Sarlovèse et le Départ de Louis XVIII
dans la nuit du 20 mars 1815. Le portrait de Fournier-Sarlovèse est
 
Annotationen