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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 2.1889

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Nr. 2
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Mantz, Paul: La peinture française, 2: Exposition Universelle [de 1889]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24446#0124

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LA PEINTURE FRANÇAISE. \\\

la rue ou à l’écurie. Une des plus belles est celle qui est connue dans
la curiosité sous le titre les Croupes, et dont le propriétaire actuel
est M. Bischoffsheim. On peut la voir à l’Exposition. Cette étude,
divisée en bandes transversales, représente des chevaux qui, la tête
tournée vers le râtelier, sont vus par la croupe. Pour la sûreté du
travail, le beau maniement du pinceau, pour le dévouement absolu à
la vérité vivante, cette simple étude vaut les tableaux les plus
parfaits. On ne se console pas à la pensée que l’ardent chercheur qui
avait réuni tant de documents graphiques est mort au moment où il
allait utiliser ces richesses.

Charlet n’a pas l’envergure de Géricault; mais il est bien son
contemporain. Il n’a qu’un an de plus que lui. Dès le début, il laissa
paraître des instincts militaires qui ne purent que se développer dans
l’atelier de Gros où il entra en 1817. Nul n’a sacrifié moins que lui
au style gréco-romain. La beauté des formes lui importait peu et il a
bien souvent exprimé sa pensée dans un langage des plus vulgaires.
Je dois avouer que, parmi les hommes de notre génération, plusieurs
ont refusé longtemps de croire à Charlet ; mais ils furent appelés à
réfléchir et peut-être à modifier leur sentiment quand ils surent
qu’Eugène Delacroix professait pour son talent la plus grande estime.
On doit regretter que l’infatigable dessinateur se soit dispersé en
feuilles légères, croquis de toutes sortes, lithographies, aquarelles.
Ce sont là sans doute des formes d’art qui peuvent arriver à l’élo-
quence, — Raffet l’a bien prouvé, — mais au point de vue des collec-
tions publiques elles n’ont pas le caractère solennel et la tenue
définitive de la peinture à l’huile. Les tableaux de Charlet sont
assez rares. Les organisateurs de l’Exposition ont pu, non sans peine,
en réunir quelques-uns. Le Général républicain passant au galop à la
tête de ses troupes (collection de Mme Moreau-Nélaton) est une peinture
pleine de mouvement et donne une bonne idée de la verve que
Charlet pouvait mettre au service de son pinceau ; malheureusement,
la tête du général est d’une vulgarité désespérante et il n’était ni
utile, ni exact, de faire croire que les soldats de la République obéis-
saient à des chefs d’une laideur aussi basse, et, disons le mot, aussi
canaille. Nous avons là un type mémorable de la trivialité où Charlet
s’est si souvent complu. Nous ne pouvions donc l’accepter sans
réserve. Ce Général républicain reste pour nous le modèle de la pein-
ture désagréable.

Heureusement, quand Charlet a intéressé son cœur à ses récits
militaires, il a été fort, et même dramatique. Deux de ses composi-
 
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