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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 2.1889

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Nr. 2
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Chennevières-Pointel, Charles Philippe de: Exposition rétrospective des dessins 1789 - 1889, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24446#0151

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136

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Gavarni, J.-F. Millet. Autour de chacun de ces noms se groupe leur
famille. La famille de Géricault c’est Charlet, Léon Cogniet, Eugène
Lami, Bellangé, IL Yernet, Sigalon. Delacroix vient de Géricault,
mais autour de lui se rangent, comme sortis de la même souche, Ary
Scheffer, L. Boulanger, les Deveria, plus tard Chassériau, plus tard
Gustave Moreau. Ce Géricault est le mâle par excellence. Il a gardé
de la génération qui l'a enfanté le génie épique ; s’il est rénovateur
c'est par force de tempérament personnel et non par système; c’est
lui le procréateur du monde nouveau, de la palette nouvelle; sa verve
de jeunesse a tout transformé. En la surabondante fécondité des
quelques années qu’il avait à vivre, il a entrevu et poussé jusqu’au
bout tous les genres auxquels son robuste dessin et les éclats de sa
coloration puissante pouvaient assurer l’avenir; et l’on peut dire que
depuis 1824 tout ce qui a travaillé en dehors de M. Ingres, peintres
d’histoire et de batailles, animaliers, peintres de marines, tous ont
vécu de Géricault.

Nous ne pouvions manquer d’une étude pour la Méduse, et elle y
est prêtée par Bonnat. Nul peintre n’a cherché avec plus de con-
science que celui-là, et de souplesse d’imagination, les plus variées
combinaisons de groupes, de mouvements et d’expressions pour les
compositions qu’il avait en tête. Je ne parle pas de ses études de
chevaux qu’il dessinait incessamment d’après nature et parmi les-
quelles il n’avait eu qu’à puiser, pour en composer ses courses et scènes
équestres. Mais pour ses vrais tableaux, Géricault procédait d’autre
façon, en peintre d’histoire qu’il était, et je ne sache personne qui,
depuis Poussin, ait tourné et retourné plus obstinément, en cent
croquis différents, la conception première qui lui était venue de son
sujet. Delacroix, à son exemple, et poussé du même instinct, a fait
de même, et son crayon, à lui aussi, fut infatigable.

C’est ici que se rouvrent d’eux-mêmes les inépuisables porte-
feuilles de M. Eud. Marcille, et que nous apparaissent de Géricault
le superbe dessin à la plume, les Dompteurs de taureaux furieux à Rome,
très important et très vigoureux morceau qui nous montre le maître
dans toute sa verve d’énergie ; — et aussi la course antique des che-
vaux en liberté, autre feuille d’un caractère tout à fait grandiose,
qui nous ramène par le souvenir aux beaux Florentins et Romains
du xvie siècle, aux plus nobles contemporains de Michel-Ange et de
Raphaël, aux Polydore et aux Bandinelli. — Notons aussi le nègre à
cheval suivi de ses sauvages et se précipitant sur des fusils de soldats
européens; crayon noir, rehaussé de blanc, et d’une exécution un
 
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