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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 2.1889

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Nr. 2
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Chennevières-Pointel, Charles Philippe de: Exposition rétrospective des dessins 1789 - 1889, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24446#0152

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EXPOSITION RÉTROSPECTIVE DES DESSINS.

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peu brutale, connue d’ailleurs par la lithographie. — Et la marche
de Silène, à la plume sur papier bistré et rehaussé de blanc; bonne
bacchanale, où la plume a seulement le tort d’un peu trop parafer.
— Ajoutez-y une étude à la grosse plume, qui me semble du temps
du voyage de Rome, un homme nu qui en entraine un autre, tête
renversée, derrière son dos, — et, du fonds de Bonnat, l’aquarelle
d’un personnage turc debout et en ample costume. — Pour un si
grand metteur en branle que Géricault, pour l’intarissable qu’il était,
pour le feu qu’il a allumé, peut-être n’est-ce pas tout à fait assez.

Ils étaient deux ou trois autour de Géricault, assidus dans son
atelier, répétant ses lithographies, et que nous avons connus très
tard parmi nous, L. Cogniet, H. Bellangé, Eug. Lami. De Léon Cogniet
nous avons là le Coup de feu au coin d’un mur croulé, bonne aqua-
relle, prêtée par son élève Bonnat, et qui sent encore tout chaud le
groupe des dessinateurs militaires de la suite du maître; plus,
quelques compositions de batailles du temps de la Révolution. —
Quant à Bellangé, il avait, plus fidèlement encore prolongé, jusqu’à
la fin du second Empire, la tradition de Géricault et de Charlet,
témoins les deux fort belles aquarelles, la Charge des cuirassiers a
Waterloo, datée de 1863, et cet héroïque bataillon carré où les gro-
gnards croulent Lun sur l’autre autour du drapeau maintenu debout.

Mais le grand élève de Géricault, celui qui a doublé le génie de son
maître de son propre génie, c’est Delacroix; c’est lui qui en passion-
nant, et en enfiévrant, même au prix d’une certaine irrégularité
dans les formes, ce que le Normand, de santé si vigoureuse, avait
gardé de puissamment correct parle respect d’une certaine tradition,
a fait rendre à sa palette des effets de sonorité et d’harmonie, de
poésie étrange et douloureuse, des gammes nouvelles de colorations
expressives appliquées aux sujets de la plus haute histoire, et jus-
qu’au paysage, tout un monde de sensations profondes, non entrevu
par le maitre, sous les yeux duquel il avait peint son Dante.

Pour expliquer la rivalité fameuse d’admiration et d’influence
qui a partagé notre siècle entre Ingres et Delacroix, la balance des
oeuvres exposées n’est vraiment pas assez égale. Le groupe des Dela-
croix serait peut-être suffisamment nombreux, mais il n’est pas très
important par le choix des morceaux. Je répète donc que cette exhi-
bition des dessins est, en principe, plutôt un memento, un rappel
général des noms des maîtres, qu’une parfaite représentation de la
valeur de chacun d’eux. Le plus important des Delacroix, c’est l’aqua -
relle, datée de 1836, des Bateleurs arabes, répétition du tableau du
II. — 3e PÉR 10 de. 18
 
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