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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 2.1889

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Nr. 2
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Chennevières-Pointel, Charles Philippe de: Exposition rétrospective des dessins 1789 - 1889, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24446#0160

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444

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

plesse extraordinaire, la gueule demi-ouverte et comme s’il rugis-
sait (Coll. Lutz); — autre lion ou tigre (Coll. Rouart), traversant
toujours le même paysage sombre et sauvage que Barye a vu peindre
autour de Barbizon, et dans l’éclaircie du milieu rampe le fauve noir
qui donne à ces mottes de verdure rousse, percée de rocs, un effet
terrible; — et les ébats de la lionne se roulant sur le sable en plein
soleil; — quoi encore? un groupe de bisons, paissant le soir dans un
vert pâturage. Mais reportez-vous à l’admirable exposition des
œuvres de Barye récemment ouverte à l’Ecole des Beaux-Arts et qui a
donné toute la mesure de ce très grand maitre, l'une des gloires de
notre époque. Je ne parle point de l’ensemble prodigieux de ses
sculptures d’animaux où il a appliqué à la construction et au mouve-
ment du moindre de ses fauves et de ses reptiles les plus larges et les
plus savants principes de force et de simplification que lui pussent
fournir les enseignements duParthénon et des Assyriens. Autour des
vitrines remplies de ces inestimables petits bronzes, dont regorgeait
la vaste salle, vous retrouviez toute la muraille couverte d’une cein-
ture de ces tableautins où l’artiste se plaisait à faire vivre sur la toile,
en un milieu qu’il supposait le leur, les animaux possédés si pro-
fondément par son imagination dans les attitudes et les habitudes
qu’il avait étudiées d’après nature au Jardin des Plantes. Mais nous
avons mieux de lui. Arrêtez-vous sur le palier du grand escalier du
Palais, et regardez les vrais dessins de Barye, ceux-là même qu’il a
étudiés d’après nature, et le plus souvent avec l’instrument le plus
simple et le plus naïf. Yoilà le maître dans tout son génie d’étude et
d’observation et d’indication et d’interprétation primesautières. C’est
fait de rien, ce vieux lion au repos sous sa royale crinière, ces tigres
tachetés à mille taches comme par un artiste japonais et que la réalité
a montrés au nôtre; et ces souples échines dont il a marqué les ver-
tèbres et les lignes ondulées avec un bout de crayon si coloré et si
vivant que l’on en croit voir la pelure veloutée sur l’ossature frémis-
sante; et ces autres lions qui sont là à droite et qui font songer,
quoi qu’on veuille, aux plus beaux lions de Rembrandt que puisse
montrer le Louvre. J’aurais voulu dans notre exposition du Champ
de Mars quelques dessins de cette espèce, ceux de la captation pre-
mière et directe de la nature, car ce sont eux qui font pénétrer le
plus avant dans l’intime profondeur du génie de l’homme.

PH. I)E CHENNEV1ÈRES.

(La suite prochainement.)
 
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