L’ART FRANÇAIS AU TROCADÉRO.
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surtout le magistral tryptique de Saint-Sulpice-du-Tarn, œuvre à peu
près ignorée jusqu’ici et que déshonorait à son arrivée à l’Exposition
une affreuse monture en bois doré du xvne siècle. On me pardonnera
si dans cette sèche nomenclature j’ai laissé dans l’ombre certaines
pièces; j’ai cherché à signaler seulement celles qui me semblent
devoir fixer un instant l’attention du visiteur parce qu’elles nous
font connaître une note nouvelle ou caractéristique dans latoreutique
du Moyen Age.
Je voudrais pouvoir aussi m’étendre sur la sculpture en marbre,
en bois, en pierre, dire un mot des quelques meubles du Moyen Age
placés dans la seconde salle; mais je vais au plus pressé. Dans la
série des bois, je signalerai en première ligne, car c’est une pièce
capitale de la fin du xme siècle, la Vierge assise portant l’Enfant
Jésus, de la collection Victor Gay. On trouve rarement des sculptures
d’un aspect plus monumental et d’une conservation plus parfaite; si
elle eût conservé la peinture, dont elle porte encore des traces nom-
breuses, c’eût été certainement une des pièces les plus intéressantes
de l'Exposition, où la sculpture des époques un peu reculées du
Moyen Age est un peu trop clairsemée. Une Vierge auvergnate,
envoyée par M. Desmottes, un amoureux du bois sculpté qui a rempli
toute une vitrine de véritables petits chefs-d’œuvre de l’art du nord
de la France du xve et du commencement du xvie siècle, a des pré-
tentions à l’archaïsme dont il faut un peu se défier; les Auvergnats
ont toujours été un peu arriérés en art, et ces Vierges constituent
en quelque sorte un type consacré qu’on a recopié pendant de
longues années, sans que l’on modifiât en rien l’attitude ou l’accou-
trement des personnages. Le Musée de Cluny possède un échantillon
de ce genre de sculpture et c’est vraiment dommage que quelques-
unes de celles qui sont encore dans leur pays d’origine, en particulier
celle de Saint-Nectaire, que le buste de saint Baudime qui se trouve
dans la même église aurait pu accompagner, n’aient pas voulu venir
faire un tour au Trocadéro. On aurait pu faire sur place les plus
instructives comparaisons.
Une très jolie figure de la Vierge debout, du xme siècle, à
M. Wasset, appartient plutôt à l’art de l’ivoirier qu’à la sculpture
sur bois, tant le travail en est fin et délicat. Un Saint Antoine, à
M. Picard, et une figure de Juge, à M. Nodet, font partie do la série
des figures bourguignonnes dont la seconde salle peut montrer
quelques bons exemples. Les statues de la Vierge et de Sainte Anne,
assises dans des stalles à haut dossier, envoyées par M. Mohl, sont
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surtout le magistral tryptique de Saint-Sulpice-du-Tarn, œuvre à peu
près ignorée jusqu’ici et que déshonorait à son arrivée à l’Exposition
une affreuse monture en bois doré du xvne siècle. On me pardonnera
si dans cette sèche nomenclature j’ai laissé dans l’ombre certaines
pièces; j’ai cherché à signaler seulement celles qui me semblent
devoir fixer un instant l’attention du visiteur parce qu’elles nous
font connaître une note nouvelle ou caractéristique dans latoreutique
du Moyen Age.
Je voudrais pouvoir aussi m’étendre sur la sculpture en marbre,
en bois, en pierre, dire un mot des quelques meubles du Moyen Age
placés dans la seconde salle; mais je vais au plus pressé. Dans la
série des bois, je signalerai en première ligne, car c’est une pièce
capitale de la fin du xme siècle, la Vierge assise portant l’Enfant
Jésus, de la collection Victor Gay. On trouve rarement des sculptures
d’un aspect plus monumental et d’une conservation plus parfaite; si
elle eût conservé la peinture, dont elle porte encore des traces nom-
breuses, c’eût été certainement une des pièces les plus intéressantes
de l'Exposition, où la sculpture des époques un peu reculées du
Moyen Age est un peu trop clairsemée. Une Vierge auvergnate,
envoyée par M. Desmottes, un amoureux du bois sculpté qui a rempli
toute une vitrine de véritables petits chefs-d’œuvre de l’art du nord
de la France du xve et du commencement du xvie siècle, a des pré-
tentions à l’archaïsme dont il faut un peu se défier; les Auvergnats
ont toujours été un peu arriérés en art, et ces Vierges constituent
en quelque sorte un type consacré qu’on a recopié pendant de
longues années, sans que l’on modifiât en rien l’attitude ou l’accou-
trement des personnages. Le Musée de Cluny possède un échantillon
de ce genre de sculpture et c’est vraiment dommage que quelques-
unes de celles qui sont encore dans leur pays d’origine, en particulier
celle de Saint-Nectaire, que le buste de saint Baudime qui se trouve
dans la même église aurait pu accompagner, n’aient pas voulu venir
faire un tour au Trocadéro. On aurait pu faire sur place les plus
instructives comparaisons.
Une très jolie figure de la Vierge debout, du xme siècle, à
M. Wasset, appartient plutôt à l’art de l’ivoirier qu’à la sculpture
sur bois, tant le travail en est fin et délicat. Un Saint Antoine, à
M. Picard, et une figure de Juge, à M. Nodet, font partie do la série
des figures bourguignonnes dont la seconde salle peut montrer
quelques bons exemples. Les statues de la Vierge et de Sainte Anne,
assises dans des stalles à haut dossier, envoyées par M. Mohl, sont