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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 2.1889

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Nr. 3
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Hamel, Maurice: Les écoles étrangères, 1: Exposition Universelle de 1889
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https://doi.org/10.11588/diglit.24446#0248

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226

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

servation est vaste, et, sauf la peinture monumentale, comprend à
peu près les mêmes régions que la nôtre. Depuis l’étude physiono-
mique des mœurs, l’interprétation délicate et religieuse de la nature,
la restitution érudite d’une antiquité noble ou familière, il s’étend
jusqu’aux plus raffinées intuitions de l’esprit, aux visions passionnées
de l’âme, au symbolisme lyrique et précieux. Peu de tableaux de
piété dans cette Ecole protestante : mais la religion est partout à
l’état latent; on pense beaucoup à Dieu sans le nommer, et l’inspi-
ration biblique anime incontestablement des paysages comme ceux
de M. Hook, qui ont l’accent d’une prière. Le foyer de cet art n’est
pas le sens pittoresque pur, ni le panthéisme naturaliste qui divinise
la beauté des choses, mais un sentiment moral qui, dans la création,
adore le Créateur.

Il est rare que l’on peigne pour le plaisir de peindre dans l’Ecole
anglaise, et les questions techniques si passionnément agitées chez
nous n’y ont qu’une importance secondaire. Selon le caractère et le
goût de la race, on a plutôt des intentions de romancier, d’humou-
riste, de moraliste ou de poète que des idées proprement picturales.
La conception est tantôt allégorique et subtile jusqu’à l’extrême
ténuité, tantôt franche et sanguine, à hauteur d’homme, parfois
teintée de sensiblerie, jamais strictement naturaliste. L’imagination
anglaise s’échappe en deçà ou au delà du réel par un attendrissement
d’âme, par une violence ou par une douceur de sentiment. Elle
n'accepte pas la nature dans ce qu’elle a de gros, d’àpre et de négligé;
elle la polit et la poétise au risque de l’affaiblir et de la romancer :
elle l’interprète dans le sens du joli, du touchant, du suave ou de
l’intellectuel. Et d’autre part l’œil anglais curieux du détail, plus
sensible aux antithèses qu’aux apaisements, clair plutôt que fin, un
peu barbare dans son amour du vif et du cru, voit rarement la
lumière dans ses délicatesses dernières, moins encore dans ses har-
monies sereines. L’impression optique n’a donc pas changé; c’est
toujours une saveur piquante et aigrelette, rarement pleine et forte,
qui fait penser au pale-ale, à la polychromie taquine des clowns, des
boutiques, des bars et des modes anglaises. Le plein air n’a recruté
que fort peu d’adeptes. Sans doute, depuis Mason et AValker, on a fait
un pas vers l’unité lumineuse et la réconciliation des tons sous une
enveloppe tranquille, et cela est surtout sensible dans les aquarelles,
ou dans des paysages, tels que ceux de AL Aumônier.

Il n’en reste pas moins vrai que l’aigreur et la dispersion se font
sentir encore, comme il est évident que l’idée, le sentiment, l’intérêt
 
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