LES ÉCOLES ÉTRANGÈRES.
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arbitraire, semble-t-il, et l’on se demande s’il ne manque pas à ses
créations fougueuses une plus naturelle vraisemblance. On est plus
aisément convaincu par les douces et poétiques figures de M. Walter
Crâne, par la jeunesse d’imagination, par le frais parfum de légende
qui donnent tant de charme à ses compositions archaïques et à ses
illustrations éditées par MM. Macmillan et Clark.
Comme il devait arriver dans une Ecole que l’orgueil du sentiment
entraînait hors des voies simples de la nature, le Portrait fut pour
LA MALLE DE NEWHAVEN, PAR M. H. MOORE.
(Exposition universelle de 1889.)
les peintres anglais le terrain solide où ils reprirent pied. Le respect
de la personnalité, l’étude directe de la vie leur imposèrent une
bonne discipline. M. Watts, dont le surnaturel me déconcerte souvent,
définit un caractère avec une forte gravité. Il construit ses figures
fermement, par masses, dans une matière un peu lourde, sans grande
souplesse de modelé, mais de façon que l’autoritaire volonté d’un
homme qui a vécu pour un noble effort et la dignité sentie d’un pré-
sident d’Académie royale ressortent avec toute évidence de la pose,
du profil sévère et large, du regard droit et appuyé de Sir Fr. Leighton,
de façon que la vie pleine et dense fleurisse copieusement le confor-
table visage de M. Ionidès.
Le Portrait est chose sérieuse, à l’heure actuelle. Il ne comporte
en général ni caprices aventureux, ni luxe de décor, ni chiffonnage
d’étoffes, ni petites mines : peut-être manque-t-il de liberté et d’im-
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arbitraire, semble-t-il, et l’on se demande s’il ne manque pas à ses
créations fougueuses une plus naturelle vraisemblance. On est plus
aisément convaincu par les douces et poétiques figures de M. Walter
Crâne, par la jeunesse d’imagination, par le frais parfum de légende
qui donnent tant de charme à ses compositions archaïques et à ses
illustrations éditées par MM. Macmillan et Clark.
Comme il devait arriver dans une Ecole que l’orgueil du sentiment
entraînait hors des voies simples de la nature, le Portrait fut pour
LA MALLE DE NEWHAVEN, PAR M. H. MOORE.
(Exposition universelle de 1889.)
les peintres anglais le terrain solide où ils reprirent pied. Le respect
de la personnalité, l’étude directe de la vie leur imposèrent une
bonne discipline. M. Watts, dont le surnaturel me déconcerte souvent,
définit un caractère avec une forte gravité. Il construit ses figures
fermement, par masses, dans une matière un peu lourde, sans grande
souplesse de modelé, mais de façon que l’autoritaire volonté d’un
homme qui a vécu pour un noble effort et la dignité sentie d’un pré-
sident d’Académie royale ressortent avec toute évidence de la pose,
du profil sévère et large, du regard droit et appuyé de Sir Fr. Leighton,
de façon que la vie pleine et dense fleurisse copieusement le confor-
table visage de M. Ionidès.
Le Portrait est chose sérieuse, à l’heure actuelle. Il ne comporte
en général ni caprices aventureux, ni luxe de décor, ni chiffonnage
d’étoffes, ni petites mines : peut-être manque-t-il de liberté et d’im-