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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 2.1889

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Nr. 3
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Chennevières-Pointel, Charles Philippe de: Exposition rétrospective des dessins 1789 - 1889, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24446#0303

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EXPOSITION RÉTROSPECTIVE DES DESSINS.

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danseuses, et des rouges étoffes des loges et des toilettes, et des robes
de gaze secouant leurs blancs flocons, ce qu’il y a de plus délicieux
à l’œil dans les fleurs de pêchers et de pommiers. Mais, prenez-y
garde, au point de raffinement enivré de lui-même où nous voilà
arrivés, sans rien qui nous laisse entrevoir un réveil sérieux de
l’ancien tempérament solide de la France, prenez-y garde, l’extrême
délicatesse c’est le contraire delà santé, c’est le dernier efféminement
de l’art, c’est l’amincissement de toute force nécessaire à la vie, c’est
l’anémie, c’est la mort.

Les Parisiens, en visitant cette Exposition, auront certainement
observé que beaucoup de ses dessins n’étaient point nouveaux pour
eux, et qu’en plus d’une autre rencontre, les meilleurs avaient déjà
passé et repassé sous leurs yeux. Qui s’en étonnerait? et, mieux, qui
s’en plaindrait? Toutes les Expositions partielles, motivées parles
œuvres de charité ou par les honneurs dus à un grand artiste au
lendemain de sa mort, et qui se sont multipliées chaque hiver depuis
vingt ans, avaient fait sortir des cabinets d’amateurs ou des ateliers
d’artistes la fine fleur de nos peintures et de nos dessins modernes.
Ces cabinets, ces ateliers sont la doublure du Louvre, la doublure,
hélas! intermittente, et trop souvent interdite au public. J’avoue
que, pour moi, c’est toujours fête nouvelle de revoir de loin en loin,
comme des amis disparus par un lointain voyage, ces morceaux
favoris et d’une jouissance trop rare. Non, je ne me rassasierai
jamais du régal de flairer et de reflairer encore, sous quelque
prétexte quece soit, leparfum de certains dessins de Prud’hon, d’Ingres,
de Géricault, de Rousseau et de Millet. Et de quel droit aujourd’hui,
au nom de notre propre satiété, en aurions-nous privé le monde
entier s’empressant au Champ de Mars? Ces merveilles n’appar-
tiennent-elles pas, à meilleur titre encore que de moins connues,
puisqu’elles ont été plus éprouvées par notre admiration à tous, à
l’histoire de l’art en notre siècle? Pour quelle autre fête réserverons-
nous ces perles les plus fines et contrôlées comme les plus précieuses
de notre trésor national? Qu’ils passent et repassent donc, je le
répète, devant l’Europe, en beaux bataillons éclatants et pressés et
toutes fanfares sonnant, les chefs-d’œuvre de nos dessinateurs, de nos
peintres et de nos sculpteurs ; qu’ils défilent bien choisis, drus et
tête haute, présentant au monde toutes les variétés d’œuvres inspirées
qu’a pu fournir en un siècle le génie de nos artistes; qu’ils défilent
devant la France enorgueillie; qu'ils défilent hardiment et chacun
 
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