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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 2.1889

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Nr. 3
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Michel, André: La sculpture, 2: Exposition Universelle de 1889
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https://doi.org/10.11588/diglit.24446#0310

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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tant une interprétation qu’un portrait, et qu’il l’ait voulu ou non,
c’est bien « le Contemplateur», comme l’appelaient ses amis, sinon le
père de la Comédie, dont il a fait revivre l’image dans ce marbre.

Quant à la Diane, Houdon n’acceptait pas non plus tous les éloges
que son critique voulait en faire. « Quoique ce soit, écrivait-il, l’ou-
vrage qui m’ait donné le plus de peine, je ne saurais être de votre
avis sur le parallèle que vous en faites. Puisque vous connaissez
VApollon du Vatican et que, selon les apparences, vous êtes un ama-
teur de sculpture, vous conviendrez que mon morceau n’en approche
pas! Ce que je dis n’est pas par modestie, mais j’ai, à très peu de
chose près, trouvé cette figure parfaite et vous savez que dans les
arts, ce qu’on appelle parfait, est simplement ce qui approche de la
perfection. Ma Diane n’est pas dans ce cas, je le sens, quoique les
artistes, mes confrères, m’en aient beaucoup loué... » Certes jamais
compliments ne furent plus mérités. On peut, si l’on veut, et en se
plaçant à un point de vue purement académique, discuter le caractère
de la tête qui sentirait trop le portrait ; mais tout le monde tombe d'ac-
cord que pour la grâce élégante et légère de la silhouette, la précision
fine et forte, l’aisance et la simplicité de l’exécution, la justesse
absolue du mouvement, le rythme vivant dont la statue tout entière
est comme pénétrée, — c’est un morceau parfait — qui ravit à la fois,
étonne et rassure l’œil.

Et c’est si bien un bronze! Quand il exécuta la Diane en marbre
de Saint-Pétersbourg, il dut prêter à la svelte et fragile chasseresse
un indispensable appui. Elle fut alors « censée traverser un marais »
et un roseau s’offrit fort à point pour lui servir de tuteur. Mais, ici,
la matière lui permettait de réaliser complètement son rêve. Plus de
carquois! plus de roseaux, plus d’entrave; rien n’arrête l’essor de la
silhouette presque aérienne, rien n’alourdit l’harmonieux élan de la
démarche.

Houdon lui-même la fondit. On a vu par les notes d’archives, que
j'ai citées tout à l'heure, qu’il conviait à ses opérations — que lui seul
sans doute, parmi les sculpteurs du temps, était capable de mener à
bien, — le directeur général lui-même; c’était montrer l’importance
qu’il y attachait à bon droit. « Je puis dire, écrivait-il (20 vendémiaire
an 111) au citoyen Bachelier, que je ne me suis véritablement livré qu’à
deux études qui ont rempli ma vie entière et auxquelles j’ai consacré
tout ce que j'ai gagné et que j’aurais rendues plus utiles à ma patrie, si
j’eusse été secondé ou si j’eusse eu de la fortune, l’anatomie et l’art de
fondre. » — Statuaire et fondeur, voilà les deux titres qu'il revendi-
 
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