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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 2.1889

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Nr. 3
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Michel, André: La sculpture, 2: Exposition Universelle de 1889
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https://doi.org/10.11588/diglit.24446#0323

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LA SCULPTURE.

299

Roland le paladin qui, l’écume à la bouche,

Sous un sourcil froncé, roule un œil fauve et louche
Et sur ses rocs aigus qu’il a déracinés,

Nud, enragé d’amour, du feu dans la narine,

Fait saillir les grands os de sa forte poitrine
Et tord ses membres enchaînés.

Et le mot d’ordre désormais était de faire « d’un doigt agile »

Palpiter dans la cire et vivre dans l’argile

tour à tour les frémissements de la passion ou les souplesses de la
grâce affranchie!

On peut bien convenir, aujourd’hui, qu’il ne sortit pas grand’chose
de ce mouvement et que le résultat fut médiocre. Trop de choses
manquaient à ces lyriques pour être de grands sculpteurs; mais leurs
tentatives même avortées sont touchantes; l’importance historique
en tout cas n’en est pas douteuse, et peut-être eût-il valu la peine de
représenter un peu plus largement à l’Exposition rétrospective ces
temps déjà si loin de nous.

Ils n’ont d’ailleurs pas été tout à fait oubliés. Antonin Moine y
figure, sinon par ses œuvres les plus significatives (telles que ses
Cavaliers et Pages en pourpoint), du moins par deux morceaux connus
et qui n’ont, ni l’un ni l’autre, rien de révolutionnaire : un Cheval
s'abattant et le médaillon de Gustave Planche, dont la critique lui fut
toujours bienveillante. — Gustave Préault, qui plus qu’aucun autre
peut-être eut la fièvre, sinon le génie du romantisme et qui reven-
diquait la gloire d’avoir le premier jeté sur « les crânes classiques et
académiques qui pavaient l’orchestre » à la première d'Hernani, le
cri célèbre et historique : « A la guillotine, les genoux! » — est
représenté par un buste en bronze de Jacques Cœur, vive ébauche,
modelée d’un pouce impatient et nerveux, conduite avec plus d’ou-
trance que de véritable force et où l’on sent plus d’agitation que de
vie, — assez médiocre, en somme, mais très amusant et tout à fait
documentaire. On aime à se représenter « la tête » des académiciens
du temps devant de pareils morceaux !

Mais ce qui, dans cette Exposition rétrospective, fait revivre avec
le charme le plus persuasif et dans ses plus jolies nuances l’esprit
de ce petit cénacle romantique, c’est le Groupe marbre sur fond d'archi-
tecture : Paolo Malatesta et Francesca de Rimini, par Mlle Félicie de
Fauveau. Il est inutile de dire que l’architecture est d’un gothique
très approximatif...;le morceau date délicieusement. Sur la face laté-
 
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