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L’ART FRANÇAIS AU TROCADÉRO.
Que dire des dix pièces de la faïence de... Saint-Porchaire expo-
sées par M. Spitzer, Mme la comtesse d’Yvon et M. le baron Alphonse de
Rothschild, après l'ingénieux article publié ici même par M. Ed.
Bonnaffé, le dernier parrain de ces pièces d’origine mystérieuse? Elles
appartiennent pour la plupart à la première période de la fabrication,
de celle où les formes sont les plus simples et les colorations les plus
sobres.
Mais il ne peut y avoir d’incertitude sur deux pièces que M. le
baron Gustave de Rothschild a exposées afin de mettre la sagacité
des amateurs en défaut. Qui de nous, en effet, n’attribuerait à un
atelier d’Urbino, de Castel-Durante peut-être et du milieu du
xvie siècle, la gourde que nous publions? Le dessin, la couleur et
l’exécution sont d’un Italien, malgré la devise française : Seigneur
je espère en toi. Mais qu’on regarde sous le pied et l’on y pourra lire
l’inscription NISMES et la date 1581. M. Tollain a exposé une seconde
gourde aux mêmes armes et de même origine. Les érudits nîmois
trouveront-ils dans les archives de quelque tabellion de quoi éclaircir
ce mystère?
Quelques fort beaux spécimens exposés par M. Spitzer représen-
tent l’art du coutelier au xvie siècle. Quant à l’histoire de la reliure
dans le même temps, les exemplaires de choix ayant appartenu aux
rois ou aux grands amateurs de France, prêtés par M. Damascène
Morgan, ont leur réplique dans les œuvres de gainerie exposées soit
par M. Spitzer, soit par M. le Sergeant de Monnecove.
Les tapisseries qui enveloppent de leurs gaies colorations les choses
exposées au-dessous d’elles sont trop peu nombreuses pour être d’un
grand enseignement.
Le formalisme peu intelligent d’un chef de gare nous a privés de
deux des tapisseries d’Anet au chiffre authentique de Diane de Poi-
tiers, et nous avons été forcés d’exposer à l’envers, à cause de leur
décoloration excessive, deux pièces de la légende de saint Mesme,
appartenant à la cathédrale de Langres à qui elles ont été données,
vers 1548, par un de ses évêques dont elles portent les armes. Le
dessin et l’exécution de ces tapisseries nous font penser qu’elles pro-
viennent sinon de l’atelier de Fontainebleau, du moins de celui de
la Trinité fondé par Henri II, et dans lequel il put établir comme
moniteurs les ouvriers réunis par son père. Une autre pièce de
l’Histoire de Psyché, d’après le maitre au dé, exposée par le peintre
François Ehrmann, nous semble provenir du même atelier.
Quant aux pièces de l’histoire du Fort roi Clovis, de la légende
L’ART FRANÇAIS AU TROCADÉRO.
Que dire des dix pièces de la faïence de... Saint-Porchaire expo-
sées par M. Spitzer, Mme la comtesse d’Yvon et M. le baron Alphonse de
Rothschild, après l'ingénieux article publié ici même par M. Ed.
Bonnaffé, le dernier parrain de ces pièces d’origine mystérieuse? Elles
appartiennent pour la plupart à la première période de la fabrication,
de celle où les formes sont les plus simples et les colorations les plus
sobres.
Mais il ne peut y avoir d’incertitude sur deux pièces que M. le
baron Gustave de Rothschild a exposées afin de mettre la sagacité
des amateurs en défaut. Qui de nous, en effet, n’attribuerait à un
atelier d’Urbino, de Castel-Durante peut-être et du milieu du
xvie siècle, la gourde que nous publions? Le dessin, la couleur et
l’exécution sont d’un Italien, malgré la devise française : Seigneur
je espère en toi. Mais qu’on regarde sous le pied et l’on y pourra lire
l’inscription NISMES et la date 1581. M. Tollain a exposé une seconde
gourde aux mêmes armes et de même origine. Les érudits nîmois
trouveront-ils dans les archives de quelque tabellion de quoi éclaircir
ce mystère?
Quelques fort beaux spécimens exposés par M. Spitzer représen-
tent l’art du coutelier au xvie siècle. Quant à l’histoire de la reliure
dans le même temps, les exemplaires de choix ayant appartenu aux
rois ou aux grands amateurs de France, prêtés par M. Damascène
Morgan, ont leur réplique dans les œuvres de gainerie exposées soit
par M. Spitzer, soit par M. le Sergeant de Monnecove.
Les tapisseries qui enveloppent de leurs gaies colorations les choses
exposées au-dessous d’elles sont trop peu nombreuses pour être d’un
grand enseignement.
Le formalisme peu intelligent d’un chef de gare nous a privés de
deux des tapisseries d’Anet au chiffre authentique de Diane de Poi-
tiers, et nous avons été forcés d’exposer à l’envers, à cause de leur
décoloration excessive, deux pièces de la légende de saint Mesme,
appartenant à la cathédrale de Langres à qui elles ont été données,
vers 1548, par un de ses évêques dont elles portent les armes. Le
dessin et l’exécution de ces tapisseries nous font penser qu’elles pro-
viennent sinon de l’atelier de Fontainebleau, du moins de celui de
la Trinité fondé par Henri II, et dans lequel il put établir comme
moniteurs les ouvriers réunis par son père. Une autre pièce de
l’Histoire de Psyché, d’après le maitre au dé, exposée par le peintre
François Ehrmann, nous semble provenir du même atelier.
Quant aux pièces de l’histoire du Fort roi Clovis, de la légende