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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 2.1889

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Nr. 3
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Garnier, Édouard: [Les industries d'art, 1,2], La céramique, La porcelaine: Exposition Universelle de 1889
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https://doi.org/10.11588/diglit.24446#0355

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330

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

public au grand détriment de notre Manufacture nationale, une
division très nettement tranchée a dû être faite dans les produits
exposés.

Nous eussions voulu pouvoir juger d’une façon générale les efforts
tentés à Sèvres dans ces dix dernières années, apprécier dans leur
ensemble les résultats obtenus et les progrès successivement réalisés,
progrès qui s’enchaînent naturellement et qui dérivent les uns des
autres puisqu’ils sont le résultat d’efforts communs, mais nous devons
forcément suivre l’ordre établi et respecter la ligne de démarcation
qui a été tracée entre les porcelaines fabriquées depuis 1888 sous la
direction de M. Deck, l’administrateur actuel, et celles qui datent de
son prédécesseur, M. Lauth.

La comparaison, nous devons le dire avec la plus absolue convic-
tion, n’est pas en faveur de ces dernières. M. Lauth, qui était, avant
tout, un homme de science, et qui se défiait un peu, — comme la plu-
part des savants, du reste, — de ses connaissances en matière d’art,
se montra de tout temps trop accessible aux conseils qui lui venaient
un peu de partout du dehors. De même que dès le lendemain de son
entrée en fonction, il avait suivi trop facilement les indications de
quelques-uns de ses chefs de service et que, sans avoir eu le temps de se
rendre compte par lui-même des besoins de la Manufacture, au mépris
des services rendus et des droits acquis, il avait fait dans le personnel
des suppressions arbitraires sans songer qu’il pouvait se rendre
ainsi l’instrument inconscient de rancunes mesquines ou de délations
intéressées, de même, pour ce qui concernait la direction à imprimer
à la décoration, il acceptait, sans trop les contrôler, les idées de tous
les artistes ou de tous les connaisseurs plus ou moins autorisés qui
avaient accès auprès de lui.

Tantôt s’enthousiasmant pour la Théorie du contraste simultané des
couleurs, il demandait aux habiles praticiens qu’il avait sous sa direc-
tion, de la peinture scientifique où tous les tons devaient être, pour
ainsi dire, posés mathématiquement; tantôt prônant à outrance un
japonisme de convention, imposant une fausse interprétation de la
nature ou une imitation lointaine de choses déjà faites, il en était
arrivé à jeter dans les esprits une confusion telle que les artistes
finirent par douter d’eux-mêmes et ne surent bientôt plus quelle voie
ils devaient suivre.

I] suffit de jeter un coup d’œil sur l’ensemble des pièces anté-
rieures à 1888 qui figurent à l’Exposition pour se convaincre que
nous n’exagérons rien.
 
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