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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 2.1889

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Nr. 4
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Hamel, Maurice: Les écoles étrangères, 2: [Exposition Universelle de 1889]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24446#0413

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382

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

autour des visages pensifs! S'il reste encore dans le modelé quelques
parties dures et sèches, du moins cette fois MIle Breslau a touché de
bien près un idéal courageusement poursuivi!.

ETATS-UNIS.

Comme toute sles écoles du Nord, la jeune école américaine a
l’ambition très légitime d’interpréter le monde moderne; mais tandis
que dans les pays traversés jusqu’ici, surtout en Angleterre, en
Hollande, en Allemagne et chez les Scandinaves, nous avons reconnu
dans l’art l’image d’un peuple et pressenti la nature de son idéal aux
significations de l’œuvre peinte ou sculptée, il me parait malaisé de
découvrir un caractère national dans l’art américain. Trop de cou-
rants se croisent, trop d’imitations sont flagrantes dans son natura-
lisme superficiel et de bref horizon. Cabanel et Manet, Gérôme et
Carolus Duran, Bouguereau et Dagnan, Whistler et Munkacsy, Jules
Breton plus que Millet sont tour à tour ou simultanément consultés.
Quelquefois encore l’éducation est allemande ou anglaise, le plus sou-
vent elle est française. Chez quelques-uns : Ulrich, Gutherz, persiste
l’esprit germanique ; chez d’autres : Turner, Kenyon Cox, Chase,
Swain Gifford, Davis, Fisher, Alden Weir, le sentiment anglo-saxon
du home et de la nature est perceptible. La plupart et les plus hahiles,
depuis Mosler qui se souvient tant de Jules Breton jusqu’à Hassam
qui pense à Renoir, Bridgman et Weeks, Kniglit et Pearce, Sargent,
Dannat, Harrison, Walter Gay, Melchers, Hitchcock, Rolshoven ont
adopté nos manières de voir et de dire à divers époques. Cet art semble
un résumé de l’art européen comme la race est un mélange de toutes
les races rapprochées sur un terrain neuf. Des influences héréditaires
se prolongent un peu, puis tombent, les éléments se combinent vite,
absorbés dans un torrent d’activité productive et de pratique énergie
sans que l’on constate encore cette profonde unité morale propre aux
conceptions pittoresques des nations qui se possèdent, se savent et
s’expriment. Aussi nul point de \rue nouveau sur la nature ou l’hu-
manité ne nous est révélé par ce nouveau monde et s’il n’avait enrichi
la grande littérature d’intellectuels et d’humoristes tels que Poe,
Bret Harte, Hawthorn, Marc Twain, on pourrait croire que ce
peuple vivant à la vapeur n’a pas encore eu le temps de se regarder

1. Voir, dans la précédente livraison, la gravure à la pointe sèche de M,le Bres-
lau, d’après son tableau.
 
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