Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 2.1889

DOI issue:
Nr. 4
DOI article:
Michel, André: La sculpture, 3: Exposition Universelle de 1889
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24446#0428

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
396

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

des formules apprises ou des « cahiers d’expression », mais de
fécondes impulsions et comme des consultations sur une interpréta-
tion synthétique et vivante de la nature... L’abus qu’on a fait jadis de
ce grand mot à'Antique (et nous en avons montré quelques exemples
au début de cette étude) a laissé subsister dans beaucoup d’esprits
une instinctive méfiance contre tout ce qui a l’air de ressembler à
une invocation du passé. Nous ne manquons pas de gens pour con-
seiller, le plus gravement du monde, à nos Occidentaux de se faire
« un œil japonais » et qui entrent en fureur au seul nom de la Grèce.
C’est une sorte de fanatisme à rebours, plus étroit s’il est possible, et
plus inintelligent que l’autre. Sachons, à l’exemple de notre rédac-
teur en chef et ami, M. Louis Gonse, jouir de cet exquis Japon qu’il
connaît et comprend si bien sans nous interdire d’aller aussi rêver
sur l’Acropole; et avec tout cela, tâchons de rester Français!...

Certes, à regarder la Pensée et la Jeunesse, on s’aperçoit que
M. Chapu a fait plus d’un pèlerinage sur le rocher sacré ; — ses
œuvres en sont-elles moins françaises et n’avons-nous pas tous
reconnu, au battement de notre cœur, une sœur idéale dans la
vierge de fervente tendresse et d’intime pitié évoquée par l’artiste
au pied du monument d’Henri Régnault?... On peut voir, dans la
statuette de Jeune garçon, avec quelle souplesse ce ciseau délicat et
charmant sait se plier aux données de la modernité la plus
contemporaine.

On ne saurait, d’ailleurs, prétendre, à moins d’un parti pris assez
puéril, ou d’un manque absolu de critique, qu’à l’heure présente le
danger soit du côté d’une imitation trop littérale de l’antique. C’est
plutôt vers Florence qu’on a paru se diriger depuis l’entrée en scène
de Paul Dubois ; mais là non plus, on ne pourrait pas dire qu’il jqait eu
danger véritable, ni étroite superstition. En allant rendre hommage
aux grands artistes de la première Renaissance italienne, aux maîtres
du xve siècle, notre école témoignait en somme d’un désir, plus ou
moins conscient mais qui était dans la loi même de son évolution,
de se rapprocher de plus en plus de la nature. Elle ne pouvait
recevoir à ce point de vue que de bons conseils chez Donatello et
chez Ghiberti ; l’un avec un emportement fougueux, l’autre avec un
atticisme d’autant plus persuasif qu’il est tout instinctif, leur
parlaient de la réalité sincèrement, ardemment interrogée, du
caractère individuel fortement senti, et l’on peut voir dans l’admi-
rable buste de Baudry, comme dans celui de Bonnat, par Paul Dubois,
si ces conseils furent bien compris et s’il se mêla le moindre pastiche
 
Annotationen