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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 2.1889

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Nr. 4
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Michel, André: La sculpture, 3: Exposition Universelle de 1889
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https://doi.org/10.11588/diglit.24446#0430

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398

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

dans son modelé si doucement fondu... Le danger n’eût été sérieux
que si l’on eût oublié, à contempler les maîtres, de regarder directe-
ment la nature, maîtresse des maîtres.

On eut tout lieu d’être rassuré, d’abord par les oeuvres de
M. Paul Dubois lui-même, puis par celles des sculpteurs entrés après
lui dans la carrière : — Falguière et Mercié. Falguière n’a rien
envoyé, sinon, à l’Exposition rétrospective, son Tarcisius, martyr
chrétien et son Vainqueur au combat de coqs, deux œuvres charmantes,
mais tout à fait insuffisantes pour donner une idée de Fauteur du
Saint Vincent-de-Paul (un chef-d’œuvre) et de la Diane, — la « Diane de
Falguière ». Il y a même quelque chose de paradoxal à voir ce maître
de la vie et de la chair commencer par les maigreurs de l’ascétisme.
Avec le Vainqueur au combat de coqs, paru deux ans après, il avait
trouvé sa véritable voie.

Antonin Mercié a envoyé, avec un marbre exquis de son David,
le Quand même, le Souvenir, le Génie pleurant et deux bustes. C’est une
étude complète que mériterait son exposition, et nous disposons de
quelques lignes..., mais il est de ceux qu’on est sûr de retrouver.
Tout ce qu’il fait est marqué d’un caractère de force, de santé et d’ar-
deur méridionale, qui, sévèrement tenue en garde contre toute décla-
mation, communique pourtant à son ciseau une éloquence singulière
et une décision magistrale (en prenant ici dans son acception entière
ce mot que le journalisme courant a rendu si banal).

Emmanuel Frémiet est élève de Rude; c’est à cette forte école
qu’il a appris à étudier et à rendre « la nature dans sa variété ».
Dégagé plus que personne de toute servitude de formule et de style
transmis, solidement armé des conseils et de la science de son
maitre, il a, avec une curiosité agile, poussé ses recherches et ses
travaux dans les sens les plus divers. Avec un sentiment toujours
original et nouveau, une ampleur d’interprétation, une franchise d’ac-
cent et une audace qu’aucun danger n’intimide, il a fait vivre dans
la pierre et dans le bronze tour à tour le gorille troglodyte dans sa
bestialité déchainée et la Pucelle d’Orléans, l’homme de l’àge de
pierre, bonne brute en gaieté, et le prince de Coudé ; — il a mis aux
prises en des duels superbes l’Homme et la Bête, s’élevant, avec une
aisance surprenante, des formes les plus élémentaires de la vie au
style historique le plus haut.

On retrouve dans Y Hommage à Rude {Faune jouant avec une pan-
thère), exposé par Just Becquet, autre élève du grand Bourguignon,
la même décision vigoureuse, la même facture large et directe. Ce
 
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