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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Duplessis, succéda une facture maigre, sèche et dure; puis, dans la
décoration du mobilier les procédés expéditifs de l’étampage rem-
placèrent les travaux coûteux du ciseleur, et peu à peu on arriva à
produire ces garnitures de cheminée, lourdes, sans grâce et sans
caractère, ces meubles clinquants que leurs bronzes grossiers sans
autre dorure qu’un vernis trompeur, condamnaient d’avance à une
destruction irrémédiable. Il y a cinquante ans, dans ce domaine, tout
était à refaire. Hâtons-nous de constater que tout a été refait. Pour
s’en assurer, il suffit d’examiner, au Champ de Mars, les deux classes
où sont réunis l’Ameublement et les Bronzes, on y verra des cen-
taines d’ouvrages qui, par la perfection du travail, sont dignes des
plus belles époques de notre histoire mobilière.
Nous ne reviendrons par sur la Classe XVII, qui comprend les
meubles proprement dits. Nous en avons parlé longuement dans un
précédent numéro de la Gazette. Nous avons dit tout le bien qu’il faut
penser des belles restitutions de M. Dasson, des copies ingénieuses
de MM. Raulin et Zwiener, des réminiscences de M. Beurdeley. La
planche hors texte, qui accompagne notre livraison du 1er sep-
tembre, montre un gracieux écran exposé par ce dernier. Le règne
de Louis XVI n’a rien produit de plus délicat et de plus charmant.
A contempler ce joli meuble, on se croirait revenu au beau temps
de Duplessis. Le superbe bureau envoyé par M. Dasson est, dans son
genre, d’une exécution tout aussi parfaite. L’encadrement de che-
minée, dont nous donnons une reproduction, joint au mérite de la
nouveauté celui d’une facture irréprochable.
Dans la classe réservée aux Bronzes d’ameublement, des sur-
prises également agréables nous attendent. Nous trouvons, en effet,
dans cette section, toute une série de beaux ouvrages que nos ancêtres
n’ont pas connus, et qui offrent cet avantage de mettre les chefs-
d’œuvre de la Statuaire à la portée de nos appartements. C’est là une
conquête non seulement de notre époque mais aussi de notre pays, car
il n’existe, hors de France, rien qui ressemble à cette réunion d’ou-
vrages précieux à tant d’égards. C’est même une particularité assez
curieuse et digne d’être relevée que, sauf la Russie, il n’est pas de
pays étranger qui soit représenté au Champ de Mars par des bronzes
d’une valeur artistique réelle; cette pénurie est assurément
fâcheuse. Peut-être était-on en droit de compter sur le concours de
quelques établissements du dehors. La Compagnie des bronzes de
Bruxelles, notamment, aurait pu nous envoyer, comme en 1878,
quelques échantillons de ses intéressants produits. Mais aucun de
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Duplessis, succéda une facture maigre, sèche et dure; puis, dans la
décoration du mobilier les procédés expéditifs de l’étampage rem-
placèrent les travaux coûteux du ciseleur, et peu à peu on arriva à
produire ces garnitures de cheminée, lourdes, sans grâce et sans
caractère, ces meubles clinquants que leurs bronzes grossiers sans
autre dorure qu’un vernis trompeur, condamnaient d’avance à une
destruction irrémédiable. Il y a cinquante ans, dans ce domaine, tout
était à refaire. Hâtons-nous de constater que tout a été refait. Pour
s’en assurer, il suffit d’examiner, au Champ de Mars, les deux classes
où sont réunis l’Ameublement et les Bronzes, on y verra des cen-
taines d’ouvrages qui, par la perfection du travail, sont dignes des
plus belles époques de notre histoire mobilière.
Nous ne reviendrons par sur la Classe XVII, qui comprend les
meubles proprement dits. Nous en avons parlé longuement dans un
précédent numéro de la Gazette. Nous avons dit tout le bien qu’il faut
penser des belles restitutions de M. Dasson, des copies ingénieuses
de MM. Raulin et Zwiener, des réminiscences de M. Beurdeley. La
planche hors texte, qui accompagne notre livraison du 1er sep-
tembre, montre un gracieux écran exposé par ce dernier. Le règne
de Louis XVI n’a rien produit de plus délicat et de plus charmant.
A contempler ce joli meuble, on se croirait revenu au beau temps
de Duplessis. Le superbe bureau envoyé par M. Dasson est, dans son
genre, d’une exécution tout aussi parfaite. L’encadrement de che-
minée, dont nous donnons une reproduction, joint au mérite de la
nouveauté celui d’une facture irréprochable.
Dans la classe réservée aux Bronzes d’ameublement, des sur-
prises également agréables nous attendent. Nous trouvons, en effet,
dans cette section, toute une série de beaux ouvrages que nos ancêtres
n’ont pas connus, et qui offrent cet avantage de mettre les chefs-
d’œuvre de la Statuaire à la portée de nos appartements. C’est là une
conquête non seulement de notre époque mais aussi de notre pays, car
il n’existe, hors de France, rien qui ressemble à cette réunion d’ou-
vrages précieux à tant d’égards. C’est même une particularité assez
curieuse et digne d’être relevée que, sauf la Russie, il n’est pas de
pays étranger qui soit représenté au Champ de Mars par des bronzes
d’une valeur artistique réelle; cette pénurie est assurément
fâcheuse. Peut-être était-on en droit de compter sur le concours de
quelques établissements du dehors. La Compagnie des bronzes de
Bruxelles, notamment, aurait pu nous envoyer, comme en 1878,
quelques échantillons de ses intéressants produits. Mais aucun de