L’ARCHITECTURE.
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analogues et symétriques, ne diffèrent que par les détails. Le plan
est des plus simples : c’est un vaste hall vitré, en forme de T, coupé
en son milieu par un grand dôme et entouré de promenoirs ouverts,
qui portent une galerie intérieure. Tout y est logique et net. De larges
baies, des points d’appui réduits, partout de l’air, de la lumière, de
l’espace : telles ont été les préoccupations dominantes de l’architecte.
On sait qu’aujourd’hui les fers laminés et assemblés entre eux au
moyen de rivets, et même dans certains cas l’acier, ont remplacé la
fonte dans la construction métallique. L’emploi de la tôle constitue
un progrès décisif par l’augmentation presque indéfinie qu’elle
apporte à la résistance, à la légéreté et à l’élasticité des charpentes.
M. Formigé, en homme avisé, a eu garde de ne pas profiter des
dernières conquêtes de la science, et son œuvre est d’une technique
remarquable. Mais sa gdoire sera d’avoir ajouté à cette précision
scientifique une rare souplesse de goût et un sentiment d’art de
haute envergure, d’avoir conservé à chaque série de matériaux la
fonction qui lui convient et d’avoir laissé une grande place aux
matériaux décoratifs; d’être resté en un mot partout et toujours un
véritable artiste. Son expérience des combinaisons de l’art gothique,
comme architecte des monuments historiques, ne lui a pas été inutile.
Il a appris au contact de nos vieux maîtres à jouer avec aisance des
voûtes et des points d’appui, à subordonner la décoration aux exigences
des formes. Il leur doit cet instinct des lignes harmonieuses et de
l’échelle ornementale qui constitue un de ses plus beaux dons.
D’ailleurs, tout est réfléchi, ingénieux et rationnel dans les
applications de M. Formigé ; rien n’est livré au hasard, ni dans
l’emploi des matériaux, ni dans le tracé des masses, ni dans l’étude
des détails. Notre collaborateur, M. Edouard Garnier, parlera
prochainement des terres cuites monumentales de M. Müller.
Elles jouent un rôle capital dans les deux Palais des Arts, soit
qu’elles s’accusent en hauts reliefs, en médaillons, en frises ou en
moulures décorées, soit qu’elles viennent comme briques de remplis-
sage meubler les à-jours de l’ossature métallique. Des plaques de
faïence enveloppent l’extérieur des dômes de leur parure éclatante.
Du reste, la polychromie de ces Palais est une trouvaille; les
bleus du fer jouent délicieusement avec le rose fin des terres cuites
et les fonds d’or des frises ; l’ensemble est d’un coloriste. M. Formigé
a longtemps pensé à son bleu, un bleu persan d’une rare délicatesse,
qui est, de plus, très résistant, très durable. C’est la nuance qui
convient le mieux au fer. Il faudra dire désormais le « bleu Formigé ».
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analogues et symétriques, ne diffèrent que par les détails. Le plan
est des plus simples : c’est un vaste hall vitré, en forme de T, coupé
en son milieu par un grand dôme et entouré de promenoirs ouverts,
qui portent une galerie intérieure. Tout y est logique et net. De larges
baies, des points d’appui réduits, partout de l’air, de la lumière, de
l’espace : telles ont été les préoccupations dominantes de l’architecte.
On sait qu’aujourd’hui les fers laminés et assemblés entre eux au
moyen de rivets, et même dans certains cas l’acier, ont remplacé la
fonte dans la construction métallique. L’emploi de la tôle constitue
un progrès décisif par l’augmentation presque indéfinie qu’elle
apporte à la résistance, à la légéreté et à l’élasticité des charpentes.
M. Formigé, en homme avisé, a eu garde de ne pas profiter des
dernières conquêtes de la science, et son œuvre est d’une technique
remarquable. Mais sa gdoire sera d’avoir ajouté à cette précision
scientifique une rare souplesse de goût et un sentiment d’art de
haute envergure, d’avoir conservé à chaque série de matériaux la
fonction qui lui convient et d’avoir laissé une grande place aux
matériaux décoratifs; d’être resté en un mot partout et toujours un
véritable artiste. Son expérience des combinaisons de l’art gothique,
comme architecte des monuments historiques, ne lui a pas été inutile.
Il a appris au contact de nos vieux maîtres à jouer avec aisance des
voûtes et des points d’appui, à subordonner la décoration aux exigences
des formes. Il leur doit cet instinct des lignes harmonieuses et de
l’échelle ornementale qui constitue un de ses plus beaux dons.
D’ailleurs, tout est réfléchi, ingénieux et rationnel dans les
applications de M. Formigé ; rien n’est livré au hasard, ni dans
l’emploi des matériaux, ni dans le tracé des masses, ni dans l’étude
des détails. Notre collaborateur, M. Edouard Garnier, parlera
prochainement des terres cuites monumentales de M. Müller.
Elles jouent un rôle capital dans les deux Palais des Arts, soit
qu’elles s’accusent en hauts reliefs, en médaillons, en frises ou en
moulures décorées, soit qu’elles viennent comme briques de remplis-
sage meubler les à-jours de l’ossature métallique. Des plaques de
faïence enveloppent l’extérieur des dômes de leur parure éclatante.
Du reste, la polychromie de ces Palais est une trouvaille; les
bleus du fer jouent délicieusement avec le rose fin des terres cuites
et les fonds d’or des frises ; l’ensemble est d’un coloriste. M. Formigé
a longtemps pensé à son bleu, un bleu persan d’une rare délicatesse,
qui est, de plus, très résistant, très durable. C’est la nuance qui
convient le mieux au fer. Il faudra dire désormais le « bleu Formigé ».