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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
que les montrent les gravures d’Eisen et de Cochin. La première
place parmi les bustes revient à un petit portrait de femme, vêtue
d’un costume de l’époque du Directoire. Cette gracieuse terre cuite,
appartenant à M. Bischoffsheim, éveille l’idée d’une inspiration de
Prudhon traduite par Clodion. Ce dernier maître est l’auteur d’un
groupe composé d’un faune, d’une nymphe et d’un amour qui est
exposé par M. Beurdeley. Deux autres groupes prêtés par M. Josse
montrent toute la souplesse du talent de Clodion qui convenait aussi
bien aux grandes entreprises de la sculpture qu’à l’art ornemental.
Ils forment une sorte de terrasse rectangulaire sur laquelle vien-
nent s’appuyer deux médaillons à têtes de fleuve et de naïade, sou-
tenus par des figures d’enfants. Ces délicates œuvres nous semblent
avoir été créées pour servir de modèles à des chenets, comme l’on
en rencontrait dans les hôtels de l’époque et qui sortaient des mains
des habiles ciseleurs. Cette destination, si elle était certaine, n’enlè-
verait rien à leur valeur artistique et l’on sait que les meilleurs
sculpteurs ne dédaignaient pas de travailler pour l’industrie. La
sculpture purement décorative est représentée par deux figures de
sphinx, portant la coiffure et le costume des femmes du xvme siècle,
qui appartiennent à M. Seligmann. Ces curieuses terres cuites
devaient être placées sur une terrasse ou sur des pilastres ornés de
bossages. M. Goguet possède une porte d’appartement intérieur en
bois doré, dont les ornements appartiennent à la première partie
du règne de Louis XY, alors que Claude Amassé et Pineau sculp-
taient les stalles de la cathédrale de Paris et les salons du château
de Rambouillet, en s’inspirant des dessins de Boffrand et de Robert
de Cotte.
Les artistes étaient alors si souvent occupés à des ouvrages
destinés à l’ameublement, que l’on pourrait étendre la série des
sculptures en y faisant entrer des pendules et des candélabres de
marbre blanc où l’on retrouve sinon le faire du moins le style de
Pajou, deBoizot et de Falconet. Mais le marbre par sa nature, se prête
mal aux réductions qui visent plus à la difficulté d’exécution qu’au
rendu de la pensée artistique. Il doit céder la place au métal dont les
ciselures offrent une matière incomparable pour le rendu des détails.
Ce genre d’ornement ne fut jamais plus florissant qu’au xvme siècle
où il envahit les moindres pièces de l’ameublement. Chaque exposi-
tion est une occasion nouvelle de constater la fécondité inépuisable
que possédaient les ateliers d’où sont sorties les œuvres charmantes
si recherchées par les amateurs de nos jours. La plupart d’entre
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que les montrent les gravures d’Eisen et de Cochin. La première
place parmi les bustes revient à un petit portrait de femme, vêtue
d’un costume de l’époque du Directoire. Cette gracieuse terre cuite,
appartenant à M. Bischoffsheim, éveille l’idée d’une inspiration de
Prudhon traduite par Clodion. Ce dernier maître est l’auteur d’un
groupe composé d’un faune, d’une nymphe et d’un amour qui est
exposé par M. Beurdeley. Deux autres groupes prêtés par M. Josse
montrent toute la souplesse du talent de Clodion qui convenait aussi
bien aux grandes entreprises de la sculpture qu’à l’art ornemental.
Ils forment une sorte de terrasse rectangulaire sur laquelle vien-
nent s’appuyer deux médaillons à têtes de fleuve et de naïade, sou-
tenus par des figures d’enfants. Ces délicates œuvres nous semblent
avoir été créées pour servir de modèles à des chenets, comme l’on
en rencontrait dans les hôtels de l’époque et qui sortaient des mains
des habiles ciseleurs. Cette destination, si elle était certaine, n’enlè-
verait rien à leur valeur artistique et l’on sait que les meilleurs
sculpteurs ne dédaignaient pas de travailler pour l’industrie. La
sculpture purement décorative est représentée par deux figures de
sphinx, portant la coiffure et le costume des femmes du xvme siècle,
qui appartiennent à M. Seligmann. Ces curieuses terres cuites
devaient être placées sur une terrasse ou sur des pilastres ornés de
bossages. M. Goguet possède une porte d’appartement intérieur en
bois doré, dont les ornements appartiennent à la première partie
du règne de Louis XY, alors que Claude Amassé et Pineau sculp-
taient les stalles de la cathédrale de Paris et les salons du château
de Rambouillet, en s’inspirant des dessins de Boffrand et de Robert
de Cotte.
Les artistes étaient alors si souvent occupés à des ouvrages
destinés à l’ameublement, que l’on pourrait étendre la série des
sculptures en y faisant entrer des pendules et des candélabres de
marbre blanc où l’on retrouve sinon le faire du moins le style de
Pajou, deBoizot et de Falconet. Mais le marbre par sa nature, se prête
mal aux réductions qui visent plus à la difficulté d’exécution qu’au
rendu de la pensée artistique. Il doit céder la place au métal dont les
ciselures offrent une matière incomparable pour le rendu des détails.
Ce genre d’ornement ne fut jamais plus florissant qu’au xvme siècle
où il envahit les moindres pièces de l’ameublement. Chaque exposi-
tion est une occasion nouvelle de constater la fécondité inépuisable
que possédaient les ateliers d’où sont sorties les œuvres charmantes
si recherchées par les amateurs de nos jours. La plupart d’entre