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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
encore par l’absence de l’émail sur lequel, au moins, la lumière
s’accroche et joue en vibrations éclatantes.
Nous passerons rapidement devant la Porte qui donne accès aux
galeries des classes 19 et 20, assemblage bizarre, sans harmonie et,
pour tout dire, assez malheureux, d’éléments décoratifs demandés à
différents fabricants, et qui jurent parfois de se trouver accouplés, et
nous entrerons dans la galerie où nous trouvons, immédiatement à
droite, l’exposition toujours remarquable de M. Deck.
Nous n’avons plus à faire ici l'éloge de M. Deck; on a dit sur le
compte de ce chercheur si passionné, de ce praticien au goût si pur
et si délicat, tout ce qu’il était possible de dire. En l’appelant à la
tête de la Manufacture de Sèvres, le gouvernement a donné à sa vie
toute de travail et d’honorabilité, la plus haute et en même temps la
plus juste récompense qu’il ait pu ambitionner. Cette nomination
cependant a soulevé quelques critiques jalouses ou intéressées et on
a même été jusqu’à imprimer qu’il était peut-être imprudent de
confier le sort d’une manufacture d’Etat à un fabricant qui pourrait
profiter pour lui-même et dans son intérêt privé des forces et des
talents dont dispose notre grand établissement national 1. Il faut
connaître bien peu l’honorable M. Deck pour oser parler ainsi. Nous
n’avons pas mission de le défendre, il n’en a pas besoin, du reste;
mais il suffit de voir ce qu’il a fait à Sèvres depuis le peu de temps
qu’il y occupe la place de directeur, pour se rendre compte de la
fausseté de ces basses accusations, et pour être convaincu que, loin
de profiter de la Manufacture, c’est la Manufacture, au contraire, qui
a tout à gagner de sa longue expérience et de son grand savoir;
nous n’en voulons pour preuve que le vase qui a été envoyé dans les
premiers jours d’octobre à l’Exposition et sur lequel on peut voir
d’admirables rouges de fer que la Manufacture ne connaissait pas et
que M. Deck y a apportés.
Se consacrant entièrement à ses nouvelles et importantes fonc-
tions, l’éminent administrateur de Sèvres a, du reste, abandonné
complètement la direction de ses ateliers à son frère, M. Xavier
Deck, le collaborateur dévoué de sa vie entière, et l’exposition
actuelle nous prouve que les traditions artistiques qui ont établi dans
le monde entier la réputation justement méritée du nom de Théodore
Deck, y seront dignement conservées. A côté de la collection si
E Voir dans le journal l’Éclair du 30 juillet 1889 la lettre signée : Un fabri-
cant céramiste.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
encore par l’absence de l’émail sur lequel, au moins, la lumière
s’accroche et joue en vibrations éclatantes.
Nous passerons rapidement devant la Porte qui donne accès aux
galeries des classes 19 et 20, assemblage bizarre, sans harmonie et,
pour tout dire, assez malheureux, d’éléments décoratifs demandés à
différents fabricants, et qui jurent parfois de se trouver accouplés, et
nous entrerons dans la galerie où nous trouvons, immédiatement à
droite, l’exposition toujours remarquable de M. Deck.
Nous n’avons plus à faire ici l'éloge de M. Deck; on a dit sur le
compte de ce chercheur si passionné, de ce praticien au goût si pur
et si délicat, tout ce qu’il était possible de dire. En l’appelant à la
tête de la Manufacture de Sèvres, le gouvernement a donné à sa vie
toute de travail et d’honorabilité, la plus haute et en même temps la
plus juste récompense qu’il ait pu ambitionner. Cette nomination
cependant a soulevé quelques critiques jalouses ou intéressées et on
a même été jusqu’à imprimer qu’il était peut-être imprudent de
confier le sort d’une manufacture d’Etat à un fabricant qui pourrait
profiter pour lui-même et dans son intérêt privé des forces et des
talents dont dispose notre grand établissement national 1. Il faut
connaître bien peu l’honorable M. Deck pour oser parler ainsi. Nous
n’avons pas mission de le défendre, il n’en a pas besoin, du reste;
mais il suffit de voir ce qu’il a fait à Sèvres depuis le peu de temps
qu’il y occupe la place de directeur, pour se rendre compte de la
fausseté de ces basses accusations, et pour être convaincu que, loin
de profiter de la Manufacture, c’est la Manufacture, au contraire, qui
a tout à gagner de sa longue expérience et de son grand savoir;
nous n’en voulons pour preuve que le vase qui a été envoyé dans les
premiers jours d’octobre à l’Exposition et sur lequel on peut voir
d’admirables rouges de fer que la Manufacture ne connaissait pas et
que M. Deck y a apportés.
Se consacrant entièrement à ses nouvelles et importantes fonc-
tions, l’éminent administrateur de Sèvres a, du reste, abandonné
complètement la direction de ses ateliers à son frère, M. Xavier
Deck, le collaborateur dévoué de sa vie entière, et l’exposition
actuelle nous prouve que les traditions artistiques qui ont établi dans
le monde entier la réputation justement méritée du nom de Théodore
Deck, y seront dignement conservées. A côté de la collection si
E Voir dans le journal l’Éclair du 30 juillet 1889 la lettre signée : Un fabri-
cant céramiste.