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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 2.1889

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Nr. 6
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Bode, Wilhelm von: La Renaissance au Musée de Berlin, 9, Les écoles du XVIe siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24446#0655

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G02

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Ce n’est pas assurément que la galerie de Berlin soit tout à fait
dépourvue d’œuvres de ces artistes : elle possède cinq tableaux de
Raphaël, cinq du Titien; de Fra Bartolommeo, d’Andrea del Sarto,
du Corrège, de Palma, de Paul Yéronèse, etc., elle peut offrir une
ou plusieurs peintures authentiques ; mais parmi toutes ces œuvres,
il en est peu qui puissent faire apprécier justement et qui laissent
voir à leur rang le plus élevé ces peintres célèbres.

Cela est vrai surtout de Raphaël; des cinq tableaux que possède
notre Musée, quatre appartiennent à sa jeunesse, tandis que le cin-
quième est inachevé et, en outre, date d’une époque de transition, où
l’artiste nous apparaît sur la pente du maniérisme. Les quatre
tableaux qui datent des premières années de travail de Raphaël,
exposés l'un près de l’autre, sur le même panneau, sont peut-être
l’image la plus complète et la plus instructive du premier développe-
ment artistique de ce grand peintre. Raphaël — ces quatre tableaux
nous le prouvent avec une évidence extraordinaire — n’était en
aucune façon un peintre tout à fait indépendant, original dès le début
et révolutionnaire, comme Léonard ou Michel-Ange. Ces œuvres
de jeunesse le montrent au contraire dans une dépendance telle de
divers artistes de sa patrie, que presque toutes elles ont passé
autrefois, et que quelques-unes d’elles passent encore aujourd’hui
pour l’œuvre de ces vieux peintres ombriens. Elles ont même pu
donner lieu à cette conclusion singulière, d’après laquelle les dessins
de ces peintures seraient esquissés par les maîtres de Raphaël, qui,
lui-même, en aurait ensuite achevé l’exécution.

L’un de ces quatre tableaux, la Vierge avec VEnfant et le petit saint
Jean, était considéré, à la Casa Diotalevi de Rimini, où l’a acquis le
Musée de Berlin, comme une œuvre de Pietro Perugino. Aujour-
d’hui, tous les auteurs qui ont fait de la peinture italienne
de la Renaissance l’objet spécial de leurs études, sont unanimes à
voir dans ce tableau une œuvre de jeunesse de Raphaël, et même à
coup sûr la première en date de celles qui nous sont parvenues.
L’étroite imitation du Pérugin apparaît dans la composition, dans la
recherche maniérée de la pureté religieuse et du recueillement, dans
l’harmonie aiguë des couleurs. Mais la main de l’élève se trahit dans
une exagération des caractères propres au maitre; la main d’un
jeune débutant, dans la timidité et la gaucherie, tout spécialement
en ce qui concerne les proportions, le dessin et le mouvement. Et
cependant on aperçoit déjà dans ce tableau un talent original, et qui
surpasse infiniment le talent du maitre par la profondeur de son
 
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