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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 2.1889

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Nr. 6
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Hymans, Henri: Les géants d'Anvers et le char de Rubens, à Paris: correspondance de Belgique
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https://doi.org/10.11588/diglit.24446#0679

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CORRESPONDANCE DE RELGIQUE.

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nance et bannit de la procession de Notre-Dame tout ce qui n’appartenait pas à
l’Ordre sacré. Le cortège municipal, à dater de ce jour, eut à se mettre en frbis
d’éléments nouveaux d’attraits. On travailla à l’enrichissement de l’ensemble pro-
fane. Ce fut alors que les élèves de l’Académie créèrent la Géante, sorte de rémi-
niscence de la Minerve du Parthénon. L’auteur fut un sculpteur anversois de quelque
notoriété locale, Daniel Herreyns, allié au peintre de ce nom.

Moins à l’épreuve des intempéries que le géant, l imposante personne qu’on
associe à ses triomphes a dû être presque entièrement renouvelée en l’espace de
cent ans. Elle est aujourd'hui l’œuvre d’un professeur de l’Académie, M. de Plyn.
Pour la gouverne de ceux que la primitive figure pourrait intéresser, ils trouveront
la tête, la main et le pied de sa délicate personne au Musée d’archéologie du Steen.

Le Char de Rubens, à part le nom de son illustre inventeur, a une origine plus
solennelle. A l’époque où le Cardinal-Infant Ferdinand, le frère de Philippe IV et
son lieutenant gouverneur dans les Pays-Bas, fit son entrée à Anvers, c’est-à-dire
en 1635, Rubens fut chargé par la municipalité de composer les décorations que le
nouveau gouverneur devait rencontrer sur son passage. Le grand peintre avait,
dans sa jeunesse, vu son maître Otto Venius investi d’une mission semblable pour
l’entrée de l'archiduc Ernest. On trouve, en divers endroits, des fragments de
cette décoration. Les finances anversoises étaient terriblement obérées et la muni-
cipalité trouva un expédient pour faire, à des conditions modestes, un cadeau de
joyeuse entrée au Cardinal-Infant. Les tableaux que le nouveau gouverneur jugerait
digne d’être conservés seraient achevés à son intention par ltubens et deviendraient
sa propriété. 11 en fut ainsi pour plusieurs des fragments décoratifs, actuellement
exposés au Belvédère, à Vienne, dans la galerie de Dresde, au Musée de Bruxelles et
ailleurs.

Les fêtes n’en coûtèrent pas moins une somme respectable. Il fallut, pour en
couvrir les frais, que la Ville levât des impôts; l’on dut notamment frapper la
bière, ce qui ne laissa point de mécontenter les contribuables, à commencer par
Rubens. Gachard a fait connaître une protestation introduite par le grand peintre
auprès de la municipalité, rappelant les immunités dont il jouissait en vertu de sa
patente de peintre de la cour. Le Char de Rubens fut construit sur les dessins du
maître, pour figurer dans le cortège de la réception de Ferdinand d’Autriche.
G. Gevarlius, l’auteur d’un grand ouvrage sur cet événement, ouvrage pour lequel
Van Thulden fit des planches remarquables à l’eau-forte, nous le montre avec cette
légende : Laurea Calioana. On tenait, en effet, à ce qu’il figurât comme un trophée
de la victoire que le jeune frère du roi venait de remporter à Calloo sur les troupes des
États, commandées par Bernard de Saxe-Weimar. Le quadrige triomphal a la forme
d’une galère dorée. Il s’avance ayant à sa proue la Providence, abritant sous les
plis de ses bannières triomphales la Force et la Fortune, aux pieds desquelles
gisent les captifs chargés de fers. L’esquisse de ce bel ensemble orne le Musée
d’Anvers. Comme partout, Rubens révèle ici son génie dans la conception et se
montre à la hauteur de son sujet. Le souffle de son style a vraiment grandi la
donnée, car le char est, en somme, d’assez petite dimension.

En 1840, lors des fêtes mémorables du deux centième anniversaire de la
naissance du maître, les artistes anversois se cotisèrent pour réédifier le char d’après
les données originales. Ils l’adaptèrent ingénieusement à la gloire de son auteur
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