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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 2.1889

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https://doi.org/10.11588/diglit.24446#0683

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628

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

lectrices, il reste « l’auteur de Tolla ». Ce roman, ou plutôt cette romanesque his-
toire, est d’ailleurs dédiée à une femme; il peut être lu par toutes : c’est un chef-
d’œuvre à la fois de sensibilité et d’esprit; les lois du bon ton et la décence y sont
scrupuleusement observées. Dans ce livre de sa jeunesse, About a mis le meilleur
d’un cœur dont il ne fut guère prodigue par la suite et son talent s’y montre déjà
dans toute sa maturité.

J’avais beaucoup admiré à l’Exposition universelle les dix aquarelles que M. F.
de Myrbach a composées et peintes pour illustrer ce livre. L’auteur me semblait
avoir merveilleusement compris son sujet : on aurait pu croire qu’il était lui-même
un contemporain des héros du roman d’Edmond About; aucune hérésie dans le
costume, le mobilier ni même le geste ; on vivait avec lui en pleine Restauration.
Ajoutons que l’écriture de ces petits tableaux si parfaits de ressemblance typique
et topique, était d'une grâce et d’une légèreté charmantes. Aquarelliste de premier
ordre, M. de Myrbach possède une telle sûreté d’exécution que dans ses composi-
tions les plus étudiées la facture reste légère et primesautière, comme s’il s’agissait
de croquis lestement enlevés.

11 était à craindre que le meilleur des qualités de ces ouvrages délicats ne s’en-
volât sous le burin des traducteurs : le malheur eût été inévitable il y a quelques
années seulement, mais, nous l’avons dit, la gravure sur bois, rajeunie, rénovée
par la pléiade d’artistes de grand talent que nous avons aujourd’hui, est désormais
à la hauteur de toutes les tâches ; elle a transcrit en blanc et noir avec une irré-
prochable fidélité les aquarelles de M. de Myrbach dans leur esprit et, je dirai, dans
leur fleur, car la délicatesse des nuances et des valeurs y est scrupuleusement
observée. On peut l’affirmer hautement, jamais la gravure sur bois ne s’était
élevée à cette hauteur; elle a pu produire autrefois des chefs-d’œuvre, mais elle
les devait bien moins au graveur lui-même qu’aux grands artistes dont il avait
reproduit en fac-similé les compositions. Aujourd’hui, on en a fait un art véritable,
un art créateur; ce n’est pas trop dire quand on examine avec soin avec quelle
fidélité scrupuleuse, quelle simplicité de moyens et aussi avec quel bonheur ont
été rendues les valeurs de la peinture dans ces belles planches de Tolla. Notre
cher et regretté Jules Jacquemart, ce maître peintre en blanc et noir, qui fut en
son temps l’initiateur en même temps que l’éminent protagoniste de cette esthé-
tique nouvelle de la gravure, serait émerveillé s’il pouvait voir que d’autres réali-
sent sur bois les étonnants résultats qu’il avait obtenus lui-même de l’eau-forte,
fl n’est que juste de nommer ici les graveurs de Tolla; tous, ils ont droit à nos
éloges : MM. Stéphane Pannemaker, Florian, Ruffe, Ch. Baude, Barbant, Bellenger
et Rousseau ont d’ailleurs accoutumé le public à lire leurs noms dans tous les
palmarès des expositions de gravures.

Le portrait d’Edmond About peint par Baudry à Bordeaux, en 1871, celui-là
même que la Gazette a gravé à l’eau-forte, a été reproduit sur bois, en tète de
l’ouvrage, avec une fidélité, une finesse et en même temps une fermeté remar-
quables par M. Florian. Mais ce n’est pas tout : chacun des chapitres de Tolla est
orné de délicieux ornements typographiques, frises, lettrines et culs-de-lampe
composés par M. A. Giraldon, gravés sur bois par M. Robert de Lueders et tirés
en trois tons : en gris, en noir et en rose. Nous en reproduisons quelques-uns, mais
l’impression monochrome ne peut donner qu’une faible idée de l’effet qu’ils produi-
sent dans l’ouvrage. Le ton de ces vignettes est tout à fait charmant; il accom-
 
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