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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 1
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Mantz, Paul: Watteau, 4
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0027

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20

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

ne peut plus garder l’attribution donnée à ce tableau par M. Lacaze. »
C’est absolument notre avis, et nous admettons avec joie la recti-
fication demandée, car cet Escamoteur a, comme peinture, un défaut
qui, depuis longtemps, nous invitait à l’exclure de l’œuvre du
maitre : il n’est pas spirituel le moins du monde, et c’est le don de
Watteau de mettre de l’esprit partout.

Mais si l’Escamoteur disparait, il reste une page, assez exception-
nelle eu égard à l’idéal de Watteau, qui se rattache sûrement à son
séjour en Angleterre. D’après les notes de Mariette, il y avait à
Londres, sous le roi Georges, un pauvre diable venu de France qui
se faisait appeler le Dr Misaubin et qui, charlatan fieffé, vendait des
pilules, remède infaillible contre une maladie alors fort à la mode et
qu’on n’aime pas à avouer. Watteau rencontra ce personnage peu
recommandable et il l’immortalisa dans un dessin moqueur qui
a été gravé, en 1739, par Arthur Pound. Le charlatan famélique est
représenté dans un cimetière semé d’ossements, de têtes de morts et
de sarcophages. Mariette nous apprend que Watteau « dessina cettei
charge dans un caffé pendant son séjour à Londres ». Je ne l’a
jamais trouvé fort plaisante : Watteau a besoin de la grâce : il a
pu, dans une certaine mesure, arriver à l’expression comique; mais
il n’est pas caricatural, et le macabre dépasse ses possibilités.

Malgré ces travaux et d’autres que nous ignorons, Watteau s’en-
nuyait à Londres. Il se sentait loin de ses ainis ; les diners chez
Gersaint lui manquaient et aussi les entretiens avec Antoine delà'
Roque et M. de Julienne. En outre, il s’apercevait tous les jours que
son mal empirait. Le climat de l’Angleterre augmentait sa faiblesse
et son constant malaise : « Les brouillards et les fumées du charbon
de terre qu’on y respire, dit Caylus, altérèrent en lui une santé que,
dans la vérité, un air plus pur ne nous aurait jamais conservée
longtemps. » Il revint à Paris : nous avons le regret de ne pouvoir
fixer exactement la date de son retour; mais ce retour est nécessai-
rement antérieur au 21 août 1720, car ce jour-là, Rosalba écrit dans
son Diario : « Vu M. Vateau. »

De ce voyage qui avait inquiété ses amis et qu’ils considéraient
comme un regrettable caprice, Watteau rapportait-il quelque chose?
Sans doute il avait gagné un certain nombre de guinées ; mais il
revenait en France avec une santé de plus en plus compromise, et,
résultat plus fâcheux pour un artiste, il n’avait rien appris, car les
Anglais du temps du roi Georges n’étaient pas en situation de faire
faire au peintre de 1 ’Embarquement pour Cythère un progrès dans la
 
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