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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 1
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Courajod, Louis: La part de la France du Nord dans l'oeuvre de la Renaissance, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0086

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76

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Cologne dans un tableau du Musée de Vérone. Je l’ai fait voir traçant, lui ou ses
contemporains immédiats, des dessins qu’on pourrait attribuer et qu'on a attribués
effectivement aux Flamands ou aux Allemands, tant ces dessins se rapprochent
de la manière des Ecoles du Nord.

Dans l’opinion de tout le monde Masaccio est un des fondateurs indiscutés de
la Renaissance italienne, de cette Renaissance prise aujourd’hui dans un sens
spécial, consacré à tort par l’usage. Eh bien ! regarder Masaccio comme un disciple
docile et exclusif de l’art antique et comme étant venu puiser à cette source la
vigueur du tempérament qui renouvela la peinture des écoles d’Italie dans la
première moitié du xv5 siècle, est une des erreurs très graves inspirées a priori au
monde littéraire par le préjugé de la supériorité théorique de l’art classique et de
la nécessité de son intervention dans tout progrès et toute transformation.
Masaccio, ce prétendu disciple des anciens, est un naturaliste exaspéré et quelque-
fois brutal.

Tous gothiques et naturalistes, au moins dans leurs débuts, ont été les fonda-
teurs de la Renaissance italienne que nous venons de nommer et les suivants
aussi : Niccolo di Piero d’Arezzo, Nanni di Banco, Lorenzo di Bicci, Bernardo di
Piero Ciuffagni, Jacopo délia Quercia, les Turini.

Voici sur les Écoles italiennes de sculpture de Rome, de Florence et de Venise,
quelques-unes de nos conclusions motivées. Si Part antique avait été capable de
régénérer tout seul, immédiatement et directement, Part du moyen âge épuisé,
c’est incontestablement à Rome qu’aurait dù se produire la régénération. C’est à
Rome, dirons-nous, et non ailleurs, que la Renaissance par l’antique aurait dû se
manifester pour la première fois. Écoutons ce que les monuments sont capables de
répondre.

D’abord, le moyen âge romain, sans rien voir ni des yeux de l’esprit ni même
des yeux du corps, juxtaposa, en somme, une Rome gothique à la Rome antique.
Car, quoique cette opinion ait l’air d’être un paradoxe, Rome n’a pas été moins
gothique que beaucoup d’autres villes de l’Italie. Ensuite l’art antique empêcha
évidemment l’art gothique de se développer avec franchise et indépendance à
Rome; mais si l’art antique coudoya l’art gothique pendant tout le xive siècle et
même pendant les trente premières années du xve siècle, il ne put, à Rome,
parvenir directement ni à le pénétrer, ni à l’améliorer. L’art antique fut longtemps
un embarras au lieu d être un appui et un conseil. 11 fallut qu’à Rome, comme
ailleurs, l’art du moyen âge passât par le naturalisme avant de se convertir à la
religion de l’antique. L’art italien n’eut pas, d’ailleurs, de foyer plus refroidi que
le foyer romain.

Voici ce qu’on trouve à Rome à la fin du xiv» siècle et au commencement du xve :
une école réaliste hésitante et mal définie, représentée principalement par Magister
Paulus. Dans cette école de sculpture d’une barbarie véritable, les corps des morts
placés sur les tombeaux ressemblent à des ballots de marchandises ou à des sacs
de grain ; aucun pli, aucun style de draperie ; des mains affreuses, des pieds
hideux, une exécution des plus grossières. Seules, les tètes sont intéressantes cl
respirent un naïf et complet naturalisme. On est bien étonné de rencontrer ces choses-
là à Rome. Le naturalisme romain de l’École de maître Paul a quelque chose de
particulier. II est empâté, engoncé, lourd, pataud. C’est tout ce qu’a pu lui com-
muniquer le voisinage des œuvres antiques. Ce style sauvage de l’art romain
 
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