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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 1
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Courajod, Louis: La part de la France du Nord dans l'oeuvre de la Renaissance, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0085

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LA RENAISSANCE DANS LA FRANCE DU NORD.

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en Italie par d’autres moyens. On ne peut mettre en balance ni l’art italien du
xu; siècle, ni l’art italien du xiu3 siècle avec l’art français ou l'art allemand des
mêmes époques. Le fait est de toute évidence.

Dans la seconde moitié du xme siècle apparaît en Italie un homme extraordi-
naire, Nicolas de Pise, qui croit pouvoir soustraire sa patrie à la conquête des
arts du Nord. Il échoue. Tenté une première fois et d’une façon tellement évidente
et tellement volontaire qu’il dut être doctrinal plutôt qu’instinctif, le renouvel-
lement direct par la communication du germe de l’art antique ne put pas se faire
définitivement.

Arrive Jean de Pise qui, du vivant de son père Nicolas, place son pays sous la
dépendance de l’art gothique pour plus d’un siècle. Jean de Pise crée l’École
pisane qui sera lecole nationale de l’Italie presque jusqu’îi la fin du xiv' siècle,
en même temps qu’il inspire Giotlo dont l’influence se prolongera jusqu’au com-
mencement du xv! siècle.

Voilà l’Italie gothique, et j’espère avoir prouvé combien elle l’a été profondé-
ment sous la main des successeurs abâtardis de Jean de Pise et de Giotto. L’art
italien fut, à un certain moment, le plus gothique, le plus étroitement gothique des
arts de l’Europe et, les deux maîtres créateurs et inspirateurs mis à part, bien
souvent l’art italien fut relativement le moins naturaliste, le moins libre et le
moins souple de tous les arts. Ces affirmations reposent sur de longues démons-
trations. J'espère avoir ruiné à tout jamais la doctrine qui voulait voir un lien
entre Nicolas de Pise cl les grands novateurs du xve siècle. Un fossé infranchis-
sable les sépare désormais. C’est le fossé de la période gothique et, plus tard, de
la période naturaliste de l’École italienne.

Pour établir tous ces faits je me suis livré à une longue analyse du style de
tous les grands artistes italiens du xive siècle. Nous avons disséqué, à l’aide de
nombreuses photographies, les œuvres de Nicola et de Giovanni l’isano, les
œuvres d’Andrea Pisano, de Giotto, d’Orcagna. Cette énorme enquête est la
préface nécessaire de l’histoire de la Renaissance. D’autres ont essayé dans des
livres de la refaire après nous. Mais je puis démontrer l’antériorité de mon travail.
On a continué, sans transition, à enquérir, toujours par les mômes procédés, sur
les tendances, les opinions et les œuvres de la génération qui survécut aux
dernières manifestations de l’École de Pise, cette grande école que j'ai montrée
s’effondrant dans la plus irrémédiable décadence. J’ai tout spécialement indiqué
à quelle inspiration obéissaient les quelques rares artistes qui surent échapper aux
doctrines traditionnelles de l’École dégénérée de Giotlo; je rappellerai seulement
le nom des principaux.

Donalello n’a pas débuté, comme on voudrait nous le faire croire, par puiser
dans les monuments de l’art antique le sentiment qui a dicté toute son œuvre.
Il a commencé par n'être qu’un réaliste assez brutal. Je l’ai prouvé jusqu’à la
dernière évidence. J'ai établi, également, qu’il cul communication du slyle de
l’École de Bourgogne.

J’ai longuement mis en relief le caractère profondément gothique des premières
œuvres de Ghiberti et je crois avoir expliqué que c'est par le naturalisme qu'il fut
d'abord émancipé. Ghiberti a connu et hautement loué un sculpteur que j’estime
avoir appartenu à l’École de Bourgogne.

J’ai montré Pisancllo s’inspirant de l’École de la Flandre et de 1 Ecole de
 
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