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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 1
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Courajod, Louis: La part de la France du Nord dans l'oeuvre de la Renaissance, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0089

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LA RENAISSANCE DANS LA FRANCE I)U NORD.

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sorle révolutionnaire, ou, si l’on veut, réformatrice. Là, rien de vieillot, ni de caduc.
Impossible de nier qu’il n’y ait pas là un recommencement. Et ce recommence-
ment, auquel l’art antique est absolument étranger, s’est fait encore ici par le
retour à la nature.

L’École gothique qui veut s’émanciper, en Italie, comme ailleurs, et qui fonde
sa Renaissance, ne comprend pas d’abord un seul mot aux offres, aux avances que
lui fait l’art antique. Cet art antique, qui lui crève les yeux, elle ne le voit pas ;
elle n’en pénètre pas l’esprit; elle le heurte du pied sans daigner le regarder; elle
lui demande des matériaux de construction et non pas des leçons de goût. De-ci,
de-là, elle lui dérobe, par paresse, un morceau de frise ou de colonne ; mais elle
n’imagine pas de lui emprunter des idées ni de solliciter de lui des conseils. Le
Colisée n’est pas un modèle pour l’École gothique italienne; c’est une carrière de
pierres toutes taillées. On se préoccupe beaucoup moins de l’imiter que pendant
les plus hautes époques du moyen âge. Les statues qui jonchent le sol ne devien-
nent pas le point de départ d’une étude . on les copie gauchement et niaisement
pour se dispenser d’inventer. L’École gothique qui veut se régénérer ne voit qu’une
seule chose, la nature. C’est à la nature que tout d’abord elle revient en Italie
comme en France et dans les Flandres. L’École de Giolto périssait pour s’être
éloignée de la vérité et pour avoir cessé de communier avec la nature. La réaction
devait être nécessairement réaliste comme elle le fut avec les prédécesseurs de
Donatello et de Ghiberli et avec ces artistes eux-mêmes.

La révolution était accomplie, la Renaissance était née, le renouvellement
s’était produit à Florence quand l’art antique se mit de la partie et se vit enfin
comprendre. Mystère qui sera enfin expliqué et sur lequel j’ai longuement insisté
dans mon cours. Le premier artiste qui, à Florence, se soit dans la seconde moitié
du xiv' siècle intelligemment inspiré de l’antique est un étranger, un Allemand
ou un Flamand, Piclro di Giovianni Tcdesco, dont le style porte les traces du plus
profond naturalisme et d’un naturalisme d’origine.

Entendons-nous bien cependant. L’imitation de l’antique, — ou la vague
recherche du secret de l’art antique, — cet élément particulier qui devait prendre
plus tard tant d’importance, ne cessa pas d'exister pendant tout le xiv' siècle, ni
de faire partie du tempérament de l’art italien. Cela est bien certain. Il resta dans
le sang italien comme un germe indestructible; mais, tant que dura l’influence de
Giovanni Risano, d’Andrea l’isano et de Giolto, ce germe fut en quelque sorte
annulé cl ne donna presque pas signe de vie. On peut donc dire avec preuves à
l’appui: l’élément d’imitation de l’antique, pour avoir existé pendant le xive siècle,
en Italie, n’en a pas moins été, au point de vue doctrinal, absolument impuissant,
contrebalancé qu’il fut par d’autres principes qui étaient ceux de l’Ecole gothique.
Ce sentiment de l’antique ne reprendra quelque force qu’au moment de la désorga-
nisation, de la désagrégation générale de l’Ecole gothique, de sa transformation
en écolo de la. Renaissance classique. Mais celle transformation, c’est le naturalisme
et non pas lui qui la déterminera.

Pour ceux qui ont étudié les monuments italiens du moyen âge un point de fait
est absolument indiscutable. A partir de Giovanni l'isano et de Giolto, l’Jtalie,
tout en continuant quelquefois d'emprunter aux lignes générales des compositions
antiques, s’enfonce de plus en plus dans le style gothique. D’une façon générale,
l’Italie n’a jamais été plus loin du sentiment véritable de la compréhension
 
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