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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 2
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Michel, Émile: La jeunesse de Rembrandt, 1: 1606 - 1631
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0118

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104

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

planches relatives à l’Université de Leyde, une sorte de manège où
les jeunes gens se livrent à l'équitation, à l’escrime, au maniement
des armes ou à la gymnastique. C’était là une préparation excellente
à la vie civique et à la défense de la liberté nationale si elle était de
nouveau menacée. Tous les ans d’ailleurs, le 3 octobre, pour perpétuer
le souvenir de sa courageuse résistance, des fêtes publiques avaient
lieu à Leyde à l’occasion de l’anniversaire de la levée du siège. Ce
jour-là, les milices nationales en grand costume traversaient la cité,
étendards au vent. Après une revue solennelle, les membres de la
corporation procédaient à l’élection de leurs chefs et un banquet
réunissait ensuite officiers et soldats dans leur Doelen. Au premier
rang, sur leur passage, on aurait pu remarquer, sans doute, le futur
peintre de la Ronde de Nuit, avec sa figure vermeille, sa mine éveillée,
ses yeux vifs et perçants. L’Université, du reste, avait sa place
marquée dans ces fêtes et la chambre de rhétorique ne manquait
pas d’organiser quelqu’un de ces cortèges à la fois religieux et païens,
si fort en vogue à cette époque. On y voyait, montée sur un char, une
jeune femme en robe blanche personnifiant l’Ecriture sainte, entourée
des quatre évangélistes pour symboliser les études théologiques.
L’étude du droit et de la médecine étaient également représentées
par des figures allégoriques, escortées des médecins ou des juriscon-
sultes les plus célèbres de l’antiquité. Enfin, pour rappeler la déli-
vrance de la ville et l’inondation à laquelle elle avait dû son salut,
le cortège se terminait par un navire sur lequel Apollon et les neuf
Muses étaient rangés à côté de Neptune.

A ces fêtes officielles se joignaient des marchés libres, des jeux
publics, des foires avec leur personnel obligé de saltimbanques et de
badauds, Ces divertissements et ces spectacles offraient à un obser-
vateur tel que Rembrandt bien des sujets d’étude. Mêlé à la foule, il
pouvait se rendre compte des mœurs et des impressions du populaire,
saisir en quelque sorte sur le vif ces attitudes variées, ces gestes
expressifs qu’il a su plus tard rendre avec tant de force et de vérité.
Mais c’est à l’Hôtel de Ville surtout que l’écolier trouvait des jouis-
sances appropriées à ses goûts. Dans les salles ouvertes à cette occa-
sion aux habitants, à côté des drapeaux enlevés à l’ennemi et du
butin pris dans la tente même du général espagnol Francesco de
Valdez, il pouvait voir exposées deux œuvres célèbres entre toutes,
dues au talent de deux artistes originaires de Leyde et qui avaient
passé dans cette ville la plus grande partie de leur existence, Cornelis
Engelbrechsz et son élève Lucas Huyghensz, plus connu sous le nom
 
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