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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Michel, Émile: La jeunesse de Rembrandt, 1: 1606 - 1631
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0122

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108

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

avaient caressé pour lui, ils lui permirent, vers l’âge de 15 ans, de
se livrer à sa vocation. Ses rapides succès dans cette nouvelle
carrière allaient bientôt donner à l’ambition de sa famille des satis-
factions plus hautes que toutes celles qu’elle s’était promises.

Les ressources qu’on pouvait alors trouver à Leyde pour son
éducation artistique étaient assez restreintes et après une période
antérieure d’activité et d’éclat, la peinture y avait cédé le pas aux
lettres. Une première tentative faite pour y établir en 1610 une
Gilde de Saint-Luc n’avait pu aboutir, tandis que des villes du voisi-
nage, la Haye, Delft et Harlem, comptaient déjà parmi les membres
de leurs associations des maîtres nombreux et en vue. Mais les
parents de Rembrandt le jugeaient encore trop jeune pour se séparer
de lui et ils résolurent de le mettre en apprentissage dans sa ville
natale. D’anciennes relations et peut-être même des liens de parenté
fixèrent leur choix sur un artiste aujourd’hui tout à fait oublié, mais
qui jouissait alors d’une grande considération parmi ses concitoyens.
Jacob van Swanenburch appartenait, en effet, à une famille patri-
cienne fort estimée et dont les membres avaient occupé, dès le
commencement du xvie siècle, des charges importantes dans l’admi-
nistration municipale. L’un de ses frères, Claes, était peintre comme
lui, un autre, Willem, a gravé les planches dont nous avons parlé
plus haut, et leur père, Isaac van Swanenburch, qui de 1582 jusqu’à
sa mort, en 1614, avait compté parmi les échevins ou les bourg-
mestres de la cité, était lui-même un artiste d’un talent remarquable.
On en peut juger par la suite des six tableaux exécutés par lui pour
la salle de réunion de la corporation des drapiers *. Quatre d’entre
eux, les meilleurs, représentent les diverses opérations du travail
de la laine, et la franchise de la peinture aussi bien que la force des
colorations qui les distinguent rappellent le robuste réalisme de
Pieter Aertsen. Mais les œuvres du maître de Rembrandt, il faut
l’avouer, sont loin d’avoir une pareille puissance.

Jacob van Swanenburch était né vers 1580 et l’on croit qu’il
reçut de son père ses premiers enseignements. Dès 1610 il était
connu, car il peignit à ce moment pour l’Hôtel de Ville de Leyde un
dessus de cheminée représentant Pharaon noyé dans la mer Rouge,
sans doute une allusion à l’heureuse issue du siège de cette ville.
Mais ce tableau n’avait probablement pas grande valeur; en tout
cas il disparut en 1666 sans laisser de traces. Il en est de même, au 1

1. Ils sont aujourd’hui exposés au Musée de Leyde.
 
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