Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:
Michel, Émile: La jeunesse de Rembrandt, 1: 1606 - 1631
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0123

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LA JEUNESSE DE REMBRANDT.

109

surplus, de la plupart des productions de l’artiste et le seul ouvrage
de lui que l’on connaisse maintenant est une Procession papale sur la
Place Saint-Pierre, datée de 1628 et signée Jiacomo Swanenburch.
Cédant au courant d’émigration qui entraînait alors un grand
nombre de ses confrères vers l’Italie, il y avait séjourné de 1614
à 1617 et s’était même marié à Naples. De retour dans sa ville
natale, il y restait jusqu’à sa mort (17 octobre 1638), estimé de ses
compatriotes, peut-être moins pour son talent qu’à cause de la
situation de sa famille. Il est permis de dire, en effet, que ce talent
était des plus médiocres, à en juger du moins par cette Bénédiction
papale qui appartient aujourd’hui au Musée de Copenhague. C’est
un panneau représentant, au premier plan, le pape porté sur la Seclia
gestatoria et bénissant la foule qui se presse autour de lui; au fond
la Basilique, le Vatican et la place telle qu’elle était avant la
construction de la Colonnade du Bernin. A part l’intérêt historique
qui peut s’attacher à cette composition, elle ne se recommande ni
par le goût de l’arrangement, ni par l’entente de l’effet, ni par la
correction du dessin (surtout dans les chevaux), ni par la couleur,
qui manque complètement d’harmonie et de relief.

Si Rembrandt, d'après le témoignage d’Orlers, ne put guère
apprendre d’un tel maitre que « les premiers éléments et les prin-
cipes », il trouva du moins près de lui une bienveillance qu’à cette
époque les jeunes gens ne rencontraient pas toujours chez leurs
patrons. Les conditions de l’apprentissage étaient, en effet, parfois
assez dures. Les contrats signés par les élèves constituaient pour
eux une véritable servitude et les exposaient à des traitements tels
que les moins endurants s’y dérobaient par la fuite. Mais Swanen-
burch, par sa naissance, appartenait au meilleur monde. Il trouvait
dans sa famille elle-même des exemples qui l’engageaient et sur
lesquels il pouvait régler sa conduite, car un peintre de la généra-
tion précédente, Allart Claes, allié aux Swanenburch, avait su par
ses bons procédés se concilier l’affection de ses élèves qu’il traitait
comme ses enfants. Il n’y a donc pas trop lieu de regretter pour
Rembrandt les leçons d’un artiste plus distingué. A le bien prendre,
les plus grands peintres sont rarement les meilleurs maîtres. Leur
originalité même et l’ascendant de leur génie risquent d’exercer sur
leurs disciples une influence assez forte pour paralyser le développe-
ment de leur personnalité. Avec son esprit éveillé et son caractère
indépendant, le jeune étudiant devait mieux s’accommoder d un
enseignement plus modeste. Sa vocation, d’ailleurs, était si marquée
 
Annotationen