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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 2
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Geymüller, Heinrich von: Le passé, le présent et l'avenir de la cathédrale de Milan, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0171

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LA CATHÉDRALE DE MILAN.

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simultanément à Florence et à Bologne. De même que, au siècle pré-
cédent, clans la grande période de développement du gothique du Nord,
en certains groupes de villes telles que Chartres ou Paris, Reims,
Amiens, Beauvais ou Cologne, chacune de ces villes voulut dépasser et
perfectionner ce qui venait de s’accomplir chez sa voisine, de même
au xive siècle, dans les trois grandes cités italiennes que nous
venons de mentionner, l’histoire, ainsi que la comparaison des plans
des églises et leurs dimensions, indiquent clairement chez elles
une rivalité, un désir de se surpasser les unes les autres. Cette ten-
dance forme la base, le point de départ de l’histoire de la cathédrale
de Milan; elle fournit aussi l'échelle d’après laquelle sa conception
fondamentale et les projets destinés à mettre celle-ci à exécution,
doivent être jugés.

Gian-Galeazzo Visconti, vicaire impérial d’Italie, seigneur de
Milan, érigé sous lui en duché dont les revenus égalaient la moitié
de ceux des royaume de France et d’Angleterre réunis, allait devenir
successivement maître de Pise, Sienne, Pérouse, Pavie et Bologne.
Lorsqu’un prince de cette trempe, protecteur des sciences et des arts,
dans une pareille situation, entreprenait, de concert avec une ville
telle que Milan, l’édification d’une nouvelle cathédrale, ce n’était
pas un monument de second ordre qu’il avait en vue d’ériger, lui qui,
bientôt après, allait être le fondateur de la Chartreuse de Pavie et le
promoteur de la construction de la cathédrale de Corne. Ce même
prince qui, plus tard, fut sur le point de devenir roi d’Italie, malgré
l’opposition de Venise et de Florence, se voyait forcément amené à
rivaliser, dans l’érection de sa nouvelle cathédrale, avec l’œuvre de
Santa-Reparata 1 que les Florentins faisaient élever avec l’ordre
qu'il ne fut « ni dans le pouvoir ni dans l’intelligence humaines de
dépasser cette œuvre ni en grandeur ni en beauté ». Et de même que
la nouvelle cathédrale de Milan dépassait celle des Florentins par
son étendue, il est certain que la volonté du prince et des Milanais

I. Tel élait le nom primitif de Santa-Maria del Fiore. On peut dire du décret
publié par del Migliore en 1081 : se non è vero, è ben tromlo. Le fait qu’on n’a pu
le retrouver ne suffit peut-être pas pour lui refuser un fond de vérité, car un cuore
elle vian fatlo grandissime) perché composto dell' animo di pin cittadini uniti insieme
in un solo volere est une pensée bien étrangère à la fin du xvii® siècle, tandis qu il
dépeint admirablement l'esprit qui faisait surgir les cathédrales gothiques, ce con-
cours de foutes les unités, de toutes les individualités vers un même but, espiit
dont l’archilcclurc ogivale, diamétralement opposée en cela à l'architecture antique
et de la Renaissance, est l’expression admirable.
 
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