Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 3.1890)

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

tériser sa disposition en terrasses par des lignes horizontales, ou
reproduire la légère pente donnée à ces terrasses pour l’écoulement
des eaux, enfin l’on pouvait prendre pour directrice la pente
beaucoup plus forte du rampant des arcs-boutants. M. Brentano,
l’auteur regretté 1 du projet couronné, combine le premier et le troi-
sième moyen, terminant les murs dans les quatre collatéraux par
des loggie et dans la grande nef par une rangée de statues, en sur-
montant ces motifs par des arcatures dont les sommets suivent la
ligne inclinée du rampant des arcs-boutants. Il obtenait ainsi une
pente unique dont la longueur excessive par rapport à celle de la
grande nef, ne permet plus à cette dernière de dominer en raison de
son importance véritable et légitime.

Il y a une qualité que Ton ne peut refuser au projet de
M. Brentano, celle d’avoir réalisé de la manière la plus complète
la condition exigée d’une façon si péremptoire dans le programme
du second concours, c’est-à-dire d’avoir à raccorder intimement le
nouveau projeté l’ossature constructive organique, aux formes archi-
tectoniques de l’édifice, au style et au caractère décoratif de ses
parties les plus anciennes. Sauf pour les portes, il était impossible
de concevoir une clôture plus simple des cinq nefs de la cathédrale,
que ne l’a fait M. Brentano. Chaque travée a sa fenêtre, les trois
centrales, chacune une porte. Ajoutons que l’échelle du détail parait
juste, le rapport des fenêtres aux travées heureusement trouvé. La
façade Brentano est la traduction la plus fidèle de la façade actuelle
dans le langage monotone du reste du monument. Chose très
curieuse à relever. Les conditions mêmes qui ont produit le succès
de M. Brentano : le raccord intime de sa façade à la coupe transver-
sale et avec les façades latérales du monument, sa subordination
absolue à certains détails, ces circonstances, disons-nous, sont préci-
sément celles qui dépouillent la composition do M. Brentano de toute
valeur artistique supérieure. Ce qui enlève à sa façade tout le carac-
tère architectonique, tout l’intérêt que l’on s’attend à trouver dans
une œuvre de cette importance, c’est l’absence absoluod’un contraste
quelconque. Le seul qui aurait pu exister dans sa composition, celui
des couronnements horizontaux avec la verticale des contreforts, est
détruit par la hauteur de sa falconatura qui, au-dessus des couronne-
ments, recommence de nouveau tout le mouvement vertical, il efface

U Giuseppe Brentano, qui semblait appelé ii de brillantes destinées, fut em-
perté le 31 décembre dernier a Milan, par une pneumonie, à l’âge de 27 ans.