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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 4
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Reinach, Salomon: Courrier de l'art antique, 6
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0371

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340

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

rapporter à Praxitèle ce type charmant dont les répliques sont assez nom-
breuses dans les musées ', mais les fragments des sculptures du temple
d’Athéna Aléa à Tégée, qui sont certainement de Scopas, appuient plutôt,
par certaines particularités de style, l'hypothèse de M. Graef. Nous savons
d’ailleurs par Pausanias que Scopas avait sculpté un Iléraklès à Sicyone et
une monnaie de Géta, où cette statue est reproduite, montre que le dieu était
représenté imberbe. Tout cela, il est vrai, ne constitue encore que des pré-
somptions, mais, depuis la découverte de Y Hermès d’Olympie, il règne une
telle praxitélomnnie dans le monde des archéologues qu’on est heureux de
voir un savant revendiquer pour Scopas quelqu’un des types anonymes que
l’art de l'époque romaine a reproduits. S’il m’est permis d’exprimer ici une
opinion personnelle, j’ajouterai que nous avons en France même une œuvre
de premier ordre —malheureusement fragmentée —où je crois reconnaître
la réplique exacte du plus célèbre chef-d’œuvre de Scopas : je veux dire la
tète d’Aphrodite trouvée en 1823 au théâtre d’Arles et dont le Musée de Saint-
Germain possède, grâce à mon ami Lanson, un moulage admirablement res-
tauré 3.

Au mois de mars 1877, un paysan de Milo découvrit dans son jardin,
situé parmi les ruines de l’ancienne ville, une statue colossale de Poséidon,
brisée en plusieurs tronçons qui se rajustaient, accompagnée de quatre
statues de femme, sans tète, et d’une statue équestre très mutilée. La trou-
vaille fut d’abord tenue secrète, mais Charles Tissot, alors ministre de
France à Athènes, en fut avisé et se rendit aussitôt dans l’île. A l’aspect du
Poséidon, ou plutôt des fragments détachés qu’on lui en lit voir, il céda à
un mouvement d’enthousiasme et écrivit à Paris que « le frère de la Vénus
de Milo » était retrouvé. Son dessein était de faire acquérir celte statue par
l’agent consulaire de France à Milo et de négocier ensuite avec le cabinet
d'Athènes pour obtenir l’autorisation de l’exporter. Des bavardages et des
rivalités personnelles firent échouer ce projet : le gouvernement grec eut
vent de l’affaire et acheta immédiatement le Poséidon pour la somme de
27,000 drachmes. Transféré à Athènes, il resta pendant des années sur le
dallage du Musée Central, sans qu’on prit la peine d’en rajuster les mor-
ceaux. L’éphore général d’alors, le misoxène Eustratiadis, n’était pas fâché
de jouer ainsi un tour aux étrangers, désireux de publier cette statue, pour
les punir d'en avoir médité l’acquisition. Un des premiers actes de M. Cav-
vadias a été de faire procéder aux réparations nécessaires et le Poséidon,
dressé sur un piédestal, exposé en pleine lumière, a pu enliu être photogra-
phié par les soins de l’Ecole française d’Athènes et reproduit en héliogravure
dans le Bulletin de correspondance hellénique3.

Assurément, Tissot s’était beaucoup exagéré le mérite de cette œuvre
qui, placée au Louvre près de la Vénus, aurait provoqué une bien vive

1. Nous en avons publié deux ici même, numéros du P1 2' mai 188(1 (p 413 et
429)]et du l«r avril 1887 (p. 339).

2. Le nez de cette tête incomparable a pu être rétabli avec certitude; il faudrait
également le compléter en plâtre sur l’original.

t»* 3. Bulletin de correspondance hellénique, t. XIII, pl. 1(|, p. 408 (article de
M. l.’ollignon).
 
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